samedi 20 septembre 2014

Lettre anonyme

(Thème : Lettre anonyme)


À toi que j’ai tué le 27 mai 2004,

Je ne sais pas comment t’écrire cette lettre. Tu ne pourras jamais la lire. Je me sens idiote. Je voudrais tellement, pour une fois dans ma vie, pouvoir changer le passé. J’ai fait une erreur. Ce n’en était pas une au début. Je l’avais acceptée. Puis, les années ont passées. C’est ça le pire. On se croit tout puissant à vingt et un ans. On croit tout savoir sur la vie, sur nous-mêmes, sur les grandes questions sans réponses. On songe, bêtement, que tout s’arrange. Que nos gestes, n’auront pas de conséquences et pourtant…

Je suis désolée. Même si ce mot n’a aucun sens. Même si cela ne change rien. Je me suis déjà apitoyée. Trop. Tout ce que je pourrai dire ou écrire, n’aura jamais de sens à mes yeux et au tiens. J’étouffe. Ce poids sur ma poitrine. Ça hurle à l’intérieur. Un cri sans son. Un cri d’impuissance. Je suis désolée. Je ne savais pas.

Et j’ai envie de rire. Car tout ceci est si futile et ridicule face au geste posé. Tu ne peux plus te défendre tandis que moi, je chercher l’absolution.

Vingt et un an. Comme si l’âge pouvait justifier. Comme si cela pouvait excuser. Je voulais être avec toi. Mais j’avais peur. Cette peur qui n’a pas de nom, qui est invisible mais qui te prends aux tripes et te fait transpirer et cauchemarder la nuit. J’en étais malade. Malade de peur et de ce que l’avenir voulait dire. Malade de toi.

J’ai oublié de respirer, de rire et d’espérer. J’ai vu le noir de la nuit, celui qui ne laisse pas la lumières transparaître. Il n’y avait pas d’étoiles, ni de lune. Je voulais ton futur aussi rose que mes rêves. Je voulais ce que je n’avais pas. Alors j’ai fait un choix. Le plus insensé et égoïste qui soit.
Car il y en a toujours eu que pour moi.

J’ai dit des grandes phrases à ce moment-là, pour me sentir plus adulte. J’ai souri. J’ai caché. Je savais ce que je faisais. Je n’ai pas hésité. Jamais. Mais pourras-tu me croire quand je te dis que je t’aimais. Tellement. Plus que ma vie. Ma vie. Un mot jeté innocemment sur cette page. J’avais tous les droits. J’ai pris tous les droits. J’ai décidé. J’ai choisi. Aujourd’hui, j’ose écrire furieusement ces mots sur cette feuille de papier blanche. Mais ça ne change rien. Malgré tout ce que je dirai ou ne dirai pas, malgré tout ce que j’écrirai ou pas, tu sais ce que je veux et ce que je ne pourrai pas avoir de ta part : le pardon.

J’ai pris ta vie. Ce crime se paye aujourd’hui. Il n’y aura aucun pardon.

Mon corps est devenu ma prison. Mais sache, que je n’ai eu de cesse de penser à toi depuis tout ce temps. Je finis cette lettre en séchant mes larmes qui n’ont pas lieu, puisque, je suis la meurtrière. Tu étais innocente et fragile. Je n’ai pas su te protéger. J’étais une enfant dans un corps d’adulte qui un matin de mai, a crû avoir le pouvoir de Dieu.

Je marcherai sur ce chemin épineux chaque jours pour me rappeler, qu’on ne prend pas impunément une vie sans qu’un jour, cette vie nous sois prise à son tour.

Mais tu dois le savoir. Je t’aime. 

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