mercredi 10 décembre 2014

Des draps défaits

Thème : Des draps défaits

Les lumières bleu et rouge scintillent dans la nuit glaciale. Je suis à la fenêtre et je regarde le va-et-vient des gens plus bas. Il est plus de 6h00 du matin. Nous sommes le matin de Noël. Au loin, à l'est, le ciel s'empreint de jaune et de rose lumineux. La chambre est plongée dans la pénombre. Je voudrais me mouvoir, m'arracher à la contemplation du paysage hivernal, mais si je bouge, si je me retourne, alors je donnerai une signification à tout ça. Gabriel est descendu en bas s'occuper de ça. Moi, je reste ici, dans ce décor insensé, le souffle court et le corps tremblant. Nous, nous sommes disputés avant qu'ils arrivent. Je ferme les yeux, la scène me revient de plein fouet, me percute en plein dans l'estomac, cisaille la belle armure que j'avais réussi à vêtir.
***



-Je t'interdis d'abdiquer, tu n'as pas le droit, si peu de temps après.


-Ne ne me dis pas comment me comporter Rebecca. Je ne me réfugierai pas dans un monde illusoire pour alimenter ta folie. Regarde et dis-moi comment peux-tu toujours croire ?

Il m'a pris le bras de force et a voulu me tirer vers la scène, mais je l'ai giflé pour l'empêcher de briser le mince filet qui me reliait encore à la réalité. J'avais peur pour nous tous. Pour moi, qui ne pourrais plus vivre sans. Alors, j'ai hurlé, parce que je ne savais plus comment l'atteindre autrement, que par mon désespoir.

-C'est Noël, bordel, Gabriel. Noël ! Ne peux-tu faire un effort ? Es-tu si égoïste ?

J'ai vu la fureur enflammer ses magnifiques yeux gris perle. J'ai vu un homme que je ne connaissais plus, prêt à lever la main sur moi, prêt à cracher des mots impardonnables, prêts à m'abandonner. Il a serré la mâchoire et des larmes cristallines ont scintillé dans ses iris froids. C'est là qu'ils ont sonné et qu'il a dit qu'il allait s'en occuper. Il m'a demandé de sortir d'ici, de la pièce. Je ne l'ai pas écouté.
***


Je les entends parler en bas. Je ne comprends pas les mots, mais je les devine. Ils seront bientôt ici. Les battements de mon cœur s'accélèrent, deviennent furieux. Je suffoque, je panique à l'idée qu'on me prenne ce qui reste. Je recule de la fenêtre, titube vers le lit, comme si j'avais trop bu de champagne. J'entends des pas dans l'escalier. Ils sont là, ils vont venir m'enlever ce qui me reste de mes souvenirs. Ils vont tout prendre, tout dénaturer, tout détruire. Je serre les poings, me mords la lèvre inférieure jusqu'à ce que je goûte un liquide chaud et métallique dans ma bouche. Le même qui tache les draps défaits blanc et lilas, le même qui se retrouve à mes pieds et sur le mur. Le même, qui a anéanti l'espoir et l'amour dans le cœur de mon mari, le même qui me lacère la vie à chaque inspiration que je prends et qui m'éloigne d'elle.
-Madame Tallier ?

Je tressaille légèrement au son de cette voix rugueuse. Je ne me retourne pas, refusant de donner de la substance à ce cauchemar.

-Rebecca ?

Je déglutis péniblement et des larmes brûlantes, sillonnent mes joues. Je ne veux plus quitter des yeux, cette inscription sur le mur de sa chambre. Nous l'avions installé ensemble, Gabriel et moi, avant sa naissance, pour que jamais, elle n'oublie. Même si aujourd'hui, elle a huit ans, ce qu'il signifie ne s'est jamais atténué, mais cependant, il est l'arme à double tranchant. Il est l'aveu de notre incompétence, parce que nous n'avons pas su la protéger, dans notre propre maison. Je sens Gabriel tout près de moi. Il ne me touche pas, mais je l'entends respirer. Je ressens son envie de me prendre dans ses bras, d'effacer le ressentiment, mais sa culpabilité, accompagnée de sa rancœur envers moi pour ne pas avoir pu arrêter cette horreur, l'en empêche. Je discerne presque le faussé qui lentement se creuse entre nous. Alors, pour ne pas sombrer, pour me raccrocher au mince espoir qu'elle peut être encore en vie, je murmure doucement ces quelques mots, inscrits sur son mur, tel un souhait de Noël, en cette matinée ensoleillée :

-Tu es tellement aimé.

jeudi 20 novembre 2014

www.love

Thème : www.love

Je serai brève. Tu ne seras pas surpris, toi qui aimes les conversations à sens-unique et le son de ta voix. Je te quitte pour un autre. Un homme déjà, grand, fort, beau et oh, Dieu, bon au lit. Ne te vexe pas, je te prie, il était clair que toi et moi, c'était déjà l'essoufflement du dernier chapitre d'un livre sans éclat. Il est temps qu'on mettre les 3 petites lettres finales à ce qu'on peut appeler, mais je ne l'écris pas avec enthousiasme, fais-moi confiance, notre relation.

J'ai mis tes effets, si on peut appeler effets, ton peigne et ta brosse à dents, dans une boîte en carton avec le sceau de la poste. J'y ai aussi rajouté mon rasoir, tu semblais croire qu'il t'appartenait alors j'ai fait preuve de magnanimité et te l'ai envoyé aussi. Tu remarqueras que j'ai démontré beaucoup d'indulgence dans tout le processus qu'a été notre rupture. J'espère, je souhaite plutôt, que tu l'apprécieras et sauras m'en remercier. Surtout, évite de m'appeler. Déjà que nos conversations étaient un ramassis de cliché et de futilité couronné d'onomatopée, en grande partie venant de toi, je préfère que nos « rapports » si je puis dire, soit strictement inexistant. De plus, il serait gênant que ce soit Albert qui te répondre.

Comme j'ai pitié pour toi et que je désire que la transition entre moi et ta vie fade te soit le plus agréable possible, je t'ai inscrit sur un site internet. Ne me remercie pas, c'était la moindre des choses. Voici le lien et adieu. 

WWW.LOVE

lundi 17 novembre 2014

À bout de souffle

Thème : À bout de souffle

C'était un désordre plus grand que ce que son cœur pouvait le supporter. Elle ne savait plus comment faire. Elle aurait aimé qu'on lui prenne la main et qu'on la guide à travers ce bois semé de ronce. La noirceur tapie dans son esprit était telle, qu'elle ne pouvait plus apercevoir les roses qui pourtant, parsemaient ses pas juvéniles. C'était l'hiver au fond de ses yeux mordoré.

Planté au beau milieu de la pièce, elle regarde autour d’elle, prise de vertiges. Les murs tapissés de papier peint aux couleurs très douce, lui fait horreur. Elle a envie de tout arracher, à main nue s’il le faut. Elle s’avance d’un pas hésitant, ne sachant plus si elle aura la force. Des images se bousculent à la frontière de son cœur en miette. Des souvenirs amers d’un bonheur qui résonnait il n’y a pas si longtemps entre les fondations de la maison.

Ses yeux rougis d’avoir trop pleuré, se posèrent sur le bureau dans le coin de la pièce. Un bureau simple, blanc, décoré pour qu’elle ait envie d’y aller. Un Macbook Air trône fièrement, comme l’aurait fait une reine parmi ses sujets. C’est un cadeau de son père, pour l’aider dans ses études. Si la beauté peut te motiver à ne pas abandonner tes études, alors le prix n’a aucune importance a-t-il dit en riant.

Elle s'avance, rageuse, de la hargne au fond de ses iris bruns et sans réfléchir,- parce qu'à quoi ça sert finalement ?- Elle balance l'ordinateur en travers de la pièce. Celui-ci, aussi léger que son nom le laisse présager, va se briser sur le mur, laissant derrière lui, une traîné de débris. Ses sens s'embrasent alors en une haine destructrice et féroce qui allume en elle un profond mépris pour tout ce qui l'entoure. Elle a été bernée.

C’était hier.

On lui a dit que tout irait bien, qu'elle saurait gérer, qu'on l'aiderait, que jamais, ils ne la laisseraient seule avec l'immense fardeau qui était maintenant le sien. Elle les a crûs et voilà où cela l'avait mené ; dans une immense chambre, peinte en rose doux. Au début, elle avait senti leurs supports, leurs affections et leurs envies de lui donner toute la liberté qu'elle avait besoin. Puis, les restrictions étaient venues assombrir les jolies paroles. Que des fioritures pour camoufler les ordres et les exigences. Elle n'était pas libre, elle devait bosser tout de même, avoir la moyenne, sourire, ne pas être désagréable et surtout, ne pas lui crier après. Tu l'as cherché qu'on lui chuchotait, paye-en le prix. Quand on s'amuse sans prendre les précautions, on accepte.

Et aujourd'hui, à l'aube de ses seize ans, elle reste pétrifier au milieu de la chambre, le souffle court. Le glas a sonné dans une lointaine contrée, celle qu'elle ne verra jamais, prisonnière d'un choix qui n'était pas le sien. Elle regarde le lit pour bébé en bois, la jolie literie avec des petits chats et son cœur se durcit. Elle ne ressent pas l'attendrissement, ni la joie. Elle a seulement peur et plus encore, tapis loin au fond de ses tripes, elle a la rancœur, un poison qui fait scintiller ses yeux d'un noir profond.

Elle s’avance vers le miroir sans regarder son énorme ventre, sans porter attention au liquide poisseux qui coule le long de sa cuisse, faisant abstraction de la douleur qui lui vrille les entrailles. Elle le fracasse avec son poing, efface l’image d’elle et celle de son destin déjà tout tracé par leur limite imposée. Elle prend le verre entre ses doigts potelés, là où aucune bague de fiançailles ne se retrouve. Un mensonge de plus. Sa lèvre inférieure tremble, son regard chavire, sa vie devient incertaine, lointaine, difficile à cerner. Elle ne sait plus ce qui doit être. Elle voudrait être une adolescente qui va à l'école, qui sèchent parfois le cours de chimie, qui a des amis et qui va à des soirées. Elle voudrait ne pas avoir se fardeau qui ne lui a pas demandé la permission, ce qu'elle, elle en pensait. Elle voudrait retrouver son bien le plus précieux, ce qu'elle a perdu le jour où les deux barres rouges sont apparues sur le test de grossesse : Son innocence.

Elle s’effondre alors au sol, secoué de sanglot, à bout de souffle.

mardi 11 novembre 2014

On l'a repêché ce matin

 Texte écrit sous le thème : On l'a repêché ce matin. 

Hier, je jouais avec ma sœur cadette. Elle m’énerve, souvent, mais en réalité, je l’aime de tout mon cœur. Elle me comprend et parfois, le soir, je me glisse dans sont lit, quand papa et maman sont redescendu au salon et nous parlons jusqu’à ce que nous nous endormions. Je lui raconte comment est l’école. Je suis en quatrième année. J’ai pleins d’amis et on m’a même élue présidente de ma classe. J’adore ça, parler devant les autres élèves. En plus, j’ai toujours un tas d’idées géniales. Ce n’est pas moi qui le dit, enfin bon peut-être un peu oui, mais c’est mon prof qui ne cesse de venter mes mérites à qui veut bien l’entendre. Mes parents sont fiers, je le sais parce que chaque fois que Lucas (mon prof de quatrième année) leur parle de moi, ils redressent les épaules et relèvent la tête. Je distingue même une lumière doré autour d’eux. C’est comme si des milliers de soleils les enveloppaient. C’est beau.

Je sais que je suis encore jeune, mais je ne pense pas comme toutes les autres fillettes de mon âge. J'ai de l'ambition. Cela ne veut pas dire que je ne m'amuse pas, à ça non. J'adore jouer avec ma sœur, elle aime rire et elle se plie toujours de bons cœurs à mes quatre volontés. Elle est sans malice et fort jolie. Elle brisera des cœurs plus tard. Mais parfois, j'aime rester seule à regarder le ciel et à penser à demain. J'ai hâte d'être grande et d'avoir la possibilité d'exécuter tout ce qui se bouscule dans ma tête. J'ai tant de rêves, tant d'amour en moi, que parfois, j'ai l'impression que je ne pourrai contenir cette énergie.

Hier, j'ai fait un câlin à ma sœur, elle pleurait, car elle devait aller à la garderie. Je lui ai dit qu'elle se ferait pleins d'amis et qu'elle ne verrait même pas le temps passer. Puis, je lui ai promis d'aller la chercher après l'école. Comme je suis plus vieille que mon âge, mes parents me donnent des responsabilités. J'adore ça. J'ai joué un peu avec elle avant qu'elle parte pour lui faire oublier son cafard. J'ai séché ses larmes et j'ai ajouté des étoiles dans ses yeux puis je lui fais un au revoir de la main.

Le soir même, j'étais tout excitée d'aller retrouver ma sœur. J'avais hâte de savoir comment sa journée s'était déroulée, si elle s'était fait des amis et si elle s'était, un peu, ennuyée de moi. Mon prof, constatant mon agitation, m'a proposé de m'amener jusqu'à la garderie, puisque c'était quand même dix minutes de marche. J'ai accepté parce que, pour tout vous dire, je le trouve beau mon prof. Il a des cheveux d'un brun doux et des yeux bleus vifs. Il est très intelligent et surtout, il a une voix grave qui donne chaud. Il est agréable à écouter, ce qui est bien, vu qu'il enseigne.

Nous avons roulé pendant longtemps avant que je me rendre compte que nous n'allions pas à la garderie. Le décor avait changé, c'était désert. Les arbres squelettiques projetaient les ombres des derniers rayons de soleil. J'ai dégluti et serrer les poings. Mon cœur s'est mis à battre la chamade contre ma poitrine et de fine perle de sueur ont glissé sur ma nuque. Il s'est retourné vers moi, ses yeux étaient à présent aussi noirs que son aura. La peur, s'est insinuée dans tous les pores de ma peau. Il a avancé la main vers moi, a caressé ma joue doucement, mais je l'ai senti comme une brûlure. Il a pris une mèche de mes longs cheveux cendrés et les a respirés. Je suis resté pétrifié sur place, incapable de dire ou faire quoique ce soit. Il a souri.

-Ne crains rien Aude, tu es trop parfaite pour qu'on t'abîme. Jamais je n'oserais te faire du mal.

Mais pas moi, pensais-je et je lui ai sauté dessus.


***

On l'a pêchée ce matin.

C'était une matinée de fin d'octobre, la brume enveloppait les arbres de ses longs bras évanescents. Les oiseaux étaient muets, le ciel était bas, lourd, chargé de flocons, la nature ne respirait plus. Ils sont sur la berge, le regard sombre, le cœur alourdit de tristesse. Personne ne parle, pas même un chuchotement. Sur la rive, recouvert d'un drap blanc, tel un linceul, gît un corps nu. D'en dessous du drap, on peut apercevoir quelques mèches cendrées.

lundi 10 novembre 2014

C'était en juillet

 Texte écrit sous un thème : C'était en juillet


Prendre une grande inspiration, la retenir, ne pas penser, fermer les yeux, se lancer, appuyer sur le poussoir.

Attendre.

Adosser au pied de mon lit, je rejette la tête en arrière au moment où je sens le poison remonter le long de ma veine, caresser l'aorte de mon cœur et finir sa course dans ma tête. Une explosion de lumière se frappe à mes paupières closent. Elles frétillent. Mes membres s'agitent sans ma volonté. Ils sont vivants. Une sorte de râle s'échappe de mes lèvres. Mon cœur bat à tout rompre, comme s'il voulait se frayer un chemin hors de ma cage thoracique. J'ai envie de prendre un couteau et de l'en sortir de mes propres mains.

Contempler la vie.

Des heures s'écoulent dans le sablier de mon temps infini. Mon temps, suspendu, une décision qui m'appartient. La seule qui soit valable. Un sourire se dessine sur mon visage, je le sens, comme je peux sentir l'euphorie me gagner. Cette sensation d'exister, de communier avec l'invisible ambiant. À nouveau, je danse.

Libre de mes chaînes.

J'entends la musique, elle susurre à mon oreille des rêves pailletés d'or. Elle me rappelle ce qu'était ma vie avant. Lentement, le poison couleur de mes rêves d'autrefois, s'enflamme dans mon corps, glisse lentement sur mes joues, broient mon cœur, mes songes, mes aspirations.

Une seconde pour toute une vie.

J'ouvre lentement les yeux, efface d'un hurlement les étoiles qui brillaient jadis dans mon ciel. C'était l'époque où mon corps était vigoureux, avant qu'il me le prenne sans remords. Il me l'a brisé de son inconscience, de son insouciance, de sa bêtise.

Un soir, un verre de trop.

Tandis que je les entends se précipiter dans les escaliers pour venir se quérir de ce vacarme, je réussis à dissimuler la seringue sous le lit et à rabaisser la manche de mon chandail. Ils n'y verront que du feu, car ils ne veulent pas comprendre. Le fardeau que je suis devenu est si immense qu'ils ne savent même plus comment le gérer. Ils chuchotent quand ils croient que je suis endormie, de la manière de se débarrasser de moi, je les ai entendus pleurer, tandis que moi, je ne sais même plus avoir pitié. J'étais leurs fiertés, avant ce jour. J'étais quelqu'un, avant qu'on me prenne mon corps. J'étais une danseuse, mais le plus important, avant qu'on me dénature, j'étais une adolescente de quatorze ans.

C'était il y a un an.

C'était en juillet.

jeudi 23 octobre 2014

Sans titre

 Texte écrit à partir de la photo suivante : 





Ma chère fille,

[i]Je te regarde présentement à l'extérieur, tu joues avec un papillon. Je t'ai mis ta jolie petite robe jaune constellée de fleurs blanche. Tes cheveux d'un blond doux virevoltent au gré de la brise estivale. Je t'entends rire et mon cœur fond. Je prends le temps aujourd'hui, de mettre sur papier tout l'amour que j'ai en moi pour que tu te souviennes à jamais, que je te désirais plus que ma vie...


Lentement, presque langoureusement, je m'avance vers toi. Chacun de mes pas est fébrile. Tu m'observes, un sourire provocateur sur les lèvres. Tu es adossé nonchalant sur la rambarde de la fenêtre. Ton corps musclé est offert à ma vue et mon cœur cesse presque de battre tant il est désir. J'ondule des hanches et presse mon corps contre le tien. Tu presses goulûment ta bouche sur la mienne. Je sens ton haleine à la menthe, tous mes sens sont exécrés, je suis si heureuse. Je rejette la tête en arrière, gémis doucement quand ta bouche se pose sur mon bas-ventre. Je m'abandonne, offerte, libre, en vie. Je presse mes doigts dans ta chevelure d'ébène et t'incite ainsi à découvrir mes secrets. Doucement, je sens ta langue...

-Coupez !

Un grognement d'insatisfaction s'échappe de mes lèvres. Haletante, je regarde Maël se relever lentement et s'ébrouer.-Bravo les enfants, on a tout dans la boîte ! Vous pouvez aller vous rhabiller !Maël m'adresse un petit sourire puis se dirige vers la table et prend une cigarette dans le paquet et se l'allume. Toujours chancelante, je m'appuie à la plante en plastique près de moi. J'ai du mal à reprendre contenance. Maël fume tranquille, sans se soucier de sa nudité. Après une minute, il écrase la cigarette dans le cendrier et me fait un geste de la main. Je manque de défaillir et mon cœur se dilate d'appréhension. J'ai une sensation de vertige, comme si j'étais dans un manège. Il m'invite à le suivre

....J'ai attendu longtemps avant de t'avoir. Je voulais être prête. Aujourd'hui, j'ai un peu le regret d'avoir autant tardé. Je ne te verrai pas grandir. Cela me brise le cœur, mon enfant chéri, si tu savais. C'est pour ça qu'il est important que je t'écrive, pour que tu n'oublies jamais...


Je me dirige avec empressement vers ma loge pour me refaire une beauté. Une lueur d'espoir illumine mon regard bleuté quand je m'observe dans la glace pour parfaire mon trait de liner. Il m'a enfin remarqué, il voit finalement au-delà de l'actrice porno que je suis. Naturellement, un sourire se dessine sur mes lèvres couleur cerise. Peu importe, mon âge, il comprendra s'il m'aime vraiment. Je peaufine ma coiffure quand j'entends quelqu'un pénétrer dans ma loge. Je me retourne, certaine que c'est Maël

....Tu trouveras cela difficile au début. J'en suis tellement désolé. Crois-moi, Lys, si j'avais pu changer ma destinée, je l'aurais fait. Tu ne comprendras pas, mais ne m'en veux pas. J'avais le droit à la dignité. Je veux que tu saches, que tu es une fille fantastique. Ne laisse jamais personne te faire croire autre chose. Tu es ma fierté mon ange. Je vois un futur brillant pour toi. Tu es si intelligente et d'une beauté éblouissante. Tu briseras des cœurs, mais je sais, que tu trouveras celui qui saura t'aimer et te chérir...

-Lys, nous devons parler.

Ma mâchoire se contracte. J'ai un mouvement de recul involontaire.

-Que voulez-vous ?

Ma voix n'est pas aussi assurée que je le voudrais. La peur qui fleurit lentement en mon sein s'échappe par chaque pore de ma peau. Je déglutis et croise mes bras sur ma poitrine pour essayer de me donner bonne contenance.

-Je n'ai toujours pas eu mon paiement Lys. J'ai attendu, parce que je t'aime bien et parce que tu es sensass dans mon film, mais trois mois, c'est plus que je laisse à mes meilleurs amis. Il y a des gens qui ont besoin de ce fric Lys et je ne peux pas leur donné si toi, tu ne me le rends pas.

-Je l'aurai demain, je vous le promets.

Il ricane et ses yeux se rétrécissent.

-Lys, sais-tu combiens d'enfant que je vois comme toi ? Tu ne me payeras pas ma jolie, tu vas seulement te sauver. Malheureusement, je ne peux accepter cela.

Sans que je le voie venir, il m'attrape le bras et le tord dans mon dos. Un petit cri de douleur m'échappe. Le sourire du réalisateur s'accentue. Il approche son visage du mien pour m'embrasser, mais désespéré, je lui crache au visage.

-Petite garce ! Siffle-t-il.

Il lève la main et me gifle brutalement. Je sens ma tête cogner contre le miroir. Des larmes brûlantes coulent le long de mes joues se mêlant au sang de ma lèvre inférieure que j'ai mordue sous le choc de la gifle.-Tu n'es qu'une petite mal élevée, mais à ton âge, c'est normal, je vais t'apprendre les bonnes manières et plus jamais, tu ne me défieras. C'est moi qui te fais vivre, il est temps que tu l'apprennes

.... Je termine cette lettre, Lys chérie, en te remerciant de toute ta bonté et tout l'amour que tu as su me transmettre. Je pars heureuse. Ne m'en veux pas d'avoir choisi moi-même l'heure de ma mort. Je voulais que tu gardes en toi la beauté des jours heureux. Il est si ravageur ce cancer, bientôt, je ne serai plus que l'ombre de moi-même. Je ne pleurerai pas Lys, car je n'ai pas peur pour toi. Tu sauras être forte et faire de ton futur, un jardin de fleurs.

Je t'aime ma fille.Maman xx


Je crois qu'il est parti. Je n'en suis pas certaine. Mes pensées vibrent sous mon crâne douloureux. Je sens déjà l'enflure de mon œil droit. Je distingue à peine mon environnement. J'exalte un souffle rauque en relâchant la seringue de mon bras qui tombe à mes côtés. Lentement, j'attrape la petite boîte blanche qui traîne en dessous du bureau. D'un geste mesuré, pour ne pas réveiller la douleur, j'en sors une lettre et la déplie.

Ma chère fille,
Et les larmes coulent sans retenue sur mon visage tuméfié.

vendredi 17 octobre 2014

La peur

Ce texte a été écrit avec un thème qui était La peur.


Je t'observe tendrement, le cœur battant un peu plus fort à chaque seconde. Le silence est total, seul notre respiration dissonante, fait écho dans cette pièce vide. Murs blancs, troués à plusieurs endroits, vestiges d'une autre vie que la nôtre. Plancher en bois de pins, jolie mais usé. Aucun meuble, ni lit ne donne de personnalité à cet endroit. Seulement un matelas à même, le sol, posé dans le coin le plus reculé de la minuscule pièce. Notre île au milieu du désastre. 

Tu es couché en boule, les genoux remontés jusqu'au menton. Je ne peux m'empêcher d'être étonné de ton habilité à dormir ainsi, abandonné et sans défense, surtout quand dehors, la colère gronde, tel une journée orageuse. Seulement aujourd'hui, ce n'est pas de la pluie qui se déversera sur nous, mais des milliers de flèches haineuses portant en elles le message de leur ignorance. Ils brandissent leur mépris, peint sur des pancartes, en couleur du fluide vitale qui pourtant, nous unis tous, comme des boucliers contre l'abomination que nous sommes. Autant d'années, pour revenir à ces siècles d'esclavages. 

Une rumeur grimpe le long des murs qui nous protègent et vient se fracasser à la minuscule fenêtre qui déverse le peu de lumières de ce début de journée. Une aube grisâtre aux allures de fin du monde. Je frisonne convulsivement. Comment arrives-tu à dormir ? À faire abstraction d'eux, de nous ? J'ai si peur, pour toi, pour moi, pour eux. J'ai peur mon amour que leurs folies nous brisent. Je sursaute quand je sens glisser lentement sur mes joues des larmes brûlantes de leurs arrogances. Le danger rode dans chaque cri qui se heurte aux murs de notre refuge. Il est là, aussi, tapi dans l'invisible qui nous sépare, toi et moi. Tu dors, à point fermé, mais pas moi. 

J'entends des bruits de pas dans la cage d'escalier. Ils arrivent. Ils psalmodient des phrases vident de sens, vident d'amour. L'humanité se meurt, elle ne grandit plus, elle se brise sur l'inintelligence de ce que la technologie à fait de nous. Des esclaves sans cervelle, sans tolérance et sans étincelle de compassion. Et moi, je pleure pour toi parce que je ne saurais pas avoir peur pour moi. C'est toi la pureté d'entre nous deux. C'est toi qui possèdes les yeux d'un bleu aussi pur que l'eau des pays chauds, le sourire d'une matinée d'été, le corps des nuits du début d'automne. Ils sont nombreux, j'entends résonner leurs présences partout autour de nous. Ils nous envahissent, nous exhortent de sortir de nous rendre. Tu t'agites. J'ai peur que tu te réveilles. Je ne veux pas voir ton joli minois se crisper sous la souffrance, je ne veux pas contempler tes larmes. J'ai peur Maïck. Tellement peur. 

Quelqu'un tambourine à la porte. Je sursaute violemment. J'ai envie de leur hurler de partir, de nous laisser en paix. L'amour n'est-il pas au-dessus de tout ? Je ferme les yeux, je vois les graffitis qu'ils dessinent sur les murs : Sales pédales - crevez enfants de Satan Les Pédés n'ont pas d'avenir, vous êtes des abominations de la nature, vous devriez mourir. Tant de haines Maïck, si tu les entendais, tu en serais choqué. Je renifle puis me lève. Il ne me reste que quelques secondes avant que tu n'ouvres les yeux, avant que ton innocence ne soit bafouillée, avant qu'ils nous tuent. Ils ne s'arrêteront pas avant que le sang coule, le nôtre, pour laver la terre de notre pêché. Tel est la vision qu'ils ont de nous, mais ils n'ont rien compris. Ils sont faibles. Mais nous, nous sommes plus que la somme de ce qu'ils ne seront jamais. Je m'approche doucement de toi. J'esquisse un sourire parce que tu es beau. Je m'assieds à tes côtés, regarde ce qui m'a fait craquer la première fois que je t'ai vu. Nous avons défié les lois, ces lois idiotes et sans fondements. Je t'ai entraîné dans cette horrible histoire, tu ne méritais pas cela. Tu méritais tellement plus. 

Je tremble Maïck, j'ai si peur. Ils sont des dizaines, sûrement des centaines à s'élancer contre la minuscule porte qui nous sépare d'eux. Elle va céder, je vois les gonds se tordes. J'ai peur Maïck. J'inspire profondément et dépose un léger baiser sur tes lèvres. Alors, doucement, comme dans ces contes enfantins, tu t'éveilles. Tes yeux se gorgent de lumières. Je souris, éblouis, puis, j'appuie sur la gâchette de l'arme à feu que je tiens, mais que tu n'as pas eu le temps d'apercevoir. Au même moment, la porte s'ouvre, fracassé par la haine. Je te serre dans mes bras et ton sang, me macule les vêtements. Je t'aime Maïck. Ils ne pourront plus te faire du mal, ils ne pourront plus te salir. Tu es à moi Maïck, pour l'éternité.

dimanche 5 octobre 2014

Recueils à lire absolument - Ou du talent à l'état brut !

Aujourd'hui, je n'écrirai pas de texte, mais je vais vous laisser deux liens de recueil vraiment abordables, de deux personnes qui ont un immense talent. Je les ai connu sur un forum d'écriture et ils ont franchi le pas de la publication à mon plus grand bonheur. J'ai déjà commandé et reçu le recueil de Jé et il est sublime. Un cadeau à se faire ou à faire à quelqu'un !

N'hésitez surtout pas !  Et partagez l'information sur vos propres blogs si vous voulez. Ça leur ferait un immense plaisir !

Heresy : http://www.thebookedition.com/photo-et-poesie-impressions-lointaines-elodie-agnesotti-p-115743.html

Jé : http://www.thebookedition.com/jerome-pergolesi-le-peuple-des-yeux-p-115157.html


vendredi 26 septembre 2014

Hier encore



(Thème : La brûlure du soleil)

Le vent caresse doucement la peau de ses épaules dénudées. Figée sur place, le regard rivé à l’horizon éclaboussé d’or, elle ne cesse de triturer le pli de sa longue robe d’un blanc crème sertie de paillettes multicolore. Le sable chaud lui brûle la plante des pieds. 

Elle ne bouge pas.

Elle a peur de laisser aller, de regarder en arrière et de se rendre compte que c’est bel et bien terminé. Elle ne rira plus jamais avec eux, ni ne se fera plus jamais insulté. On ne se moquera plus de sa longue chevelure de feu, de même de ses minuscules tâche de rousseur parsemées sur ses pommettes et le bout de son nez retroussé. Il semble que c’était hier encore qu’elle les apercevait pour la première fois. 

Réminiscences des jours où elle n’avait rien à faire que de paresser dans son lit. 

Quelques larmes perlées de nostalgie glisse sur ses joues fardées avec soin. Elle n’a rien laissé au hasard. C’était important pour cette dernière nuit. Elle ne voulait pas faire ses adieux en haillons. Il lui fallait être belle, pour leur laissé une image précise, une image souriante et heureuse d’une fille qui malgré les jours plus difficiles, à su s’élever au-dessus de tout. Elle déglutit difficilement, essayant de ravaler l’émotion qui la submerge. Tous les souvenirs de la vieille se bousculent à la porte de son cœur encore si jeune. Bientôt, ils se réveilleront et se rendront compte, qu’ils ont fini d’écrire l’épilogue de l’histoire. 

Elle voudrait avoir le pouvoir de cesser le temps. 

Être hier encore, dans les bras de son copain, une bouteille de bière à la main et le regard pétillant de joie et d’éternité. Elle voudrait encore ce sentiment de liberté infini qui l’a enlacé toute la nuit où ils ont fêtés. Mais tel l’océan à ses pieds, la nuit s’est retirée peu à peu pour faire place à cette journée, certes magnifique, mais qui sonne le glas de la fin de l’innocence. La fin de ce qu’elle est, et ne sera plus jamais. Elle serre les poings d’anxiété.

Une mouette passe près d’elle et laisse fuser un rire moqueur.

L’oiseau sait. Il en a vu d’autre comme elle. Des filles ou des garçons, au bord de la vie, qui oscille dangereusement entre l’euphorie et le désespoir de voir le monde s’ouvrir à eux. Un vertige enivrant, mais oh combien grand, qu’ils craignent ne pas pouvoir le contenir en eux et que celui-ci explose. Devenir adulte, en ayant encore dans les yeux, la lueur enfantine des jours pas si loin, où ils jouaient tous ensemble. 

L’innocence de ne pas savoir.

Et tandis que la mouette continu son chemin, imperméable à l’angoisse de celle sur la plage, la jeune fille fait demi tour pour retourner à la tante où tous ses amis l’attende. La brûlure du soleil qui irradie depuis déjà quelques heures dans le ciel bleu immaculé, laissera des marques rubescentes sur sa peau et lui permettra ainsi, de se rappeler encore un temps, que la veille, elle a fêté la fin de ses études secondaires.

dimanche 21 septembre 2014

Sans titre

(Thème : La photo)

 
Trois mois plus tôt :

Je marchais dans les rues clairsemées de la ville en suspens. L’automne donne toujours cette impression d’interruption. Un peu comme si la vie cessait de créer pour enfin un peu respirer elle aussi. La nature se meurt peu à peu, les feuilles aux couleurs agonisantes jonchent le sol et s’effritent à la première foulée. Le soleil décline rapidement à l’horizon, peignant le monde d’or. Je souris sans m’en rendre compte, une douce chaleur palpite à l’intérieur de moi. C’est comme une journée à la plage, où le soleil tape fort et que le vent vient caresser ta peau. J’ai envie de courir dans les feuilles, d’éclater de rire que pour l’entendre raisonner, tel la joie qui circule dans mes veines. Mes cheveux couleur fauve rebondissent sur mes épaules à chaque pas que je fais et qui me rapproche de ma maison. Un bonheur si simple, si tendre, une vie plus calme et sereine. Mon bonheur ne se résume pas à grand-chose et pourtant, je le sublime d’étincelles argentées.

Je tourne le coin de notre rue quand mon téléphone sonne. Ton nom s’affiche sur l’écran bleu. Un bonheur si simple.

-Bonjour chéri, comment vas-tu ?

-Anellysse, écoute-moi, c’est important.

Les paillettes d’or dans le ciel s’assombrissent, des nuages d’un gris froid s’amoncèlent dangereusement au-dessus de ma tête. Mon bonheur se fige sur mon visage. Le ton de ta voix est si loin des notes grave habituelles. Je me fige au beau milieu de la rue le cœur affolé, les doigts crispés sur le téléphone.

-Anellysse, ne vient pas à la maison. Je ne veux pas que tu rentres. Rebrousse chemin et va chez ta sœur. Je ferai expédier ses effets là-bas !

-Mes effets ? Que je répète bêtement d’une voix atone.

-Anely, ne joue pas les idiotes avec moi. Si tu t’approches de ma maison, j’appelle la police.

Je me retiens de répéter encore une fois sa dernière phrase. La police ? Mes effets ? Ma sœur ? Que me raconte-t-il là ? Je serre les dents avec une telle force, que j’en ai mal. Je ne comprends rien à ce qu’il me raconte. On dirait une mauvaise blague. Je déglutis péniblement et me force à avancer. Ce n’est pas sa maison, c’est la nôtre.

-Anely, gronde mon fiancé que je ne reconnais pas, ne fais pas un pas de plus.

Je réalise qu’il doit être à la fenêtre et qu’il m’aperçoit au milieu de la rue. Je refuse de l’écouter, il ne sait pas ce qu’il dit, il est certainement en danger. Pourquoi ne voudrait-il plus de moi ? Cela n’a aucun sens. J’avance, titubante, comme si j’avais ingurgité des litres de champagne. Je renifle bruyamment refusant de laisser libre ma peine. Elle ne peut pas exister puisque tout ceci est un malentendu. Je suis presque devant le jardin quand je le vois sortir comme un diable le téléphone à la main. Je suis saisi d’effroi.

-Anelysse, n’écoutes-tu jamais ce que l’on te dit ?

Sa voix glaciale me douche sur place. Les bras ballant, j’en échappe mon téléphone qui fait trois bonds dans l’herbe constellé de rosée. Tout ceci est un rêve. Cela ne peut pas être vrai. Hier encore, nous nous enlacions. Nous avions des projets. Qui est cet homme ? Il fait deux pas vers moi, le regard menaçant, je ne peux pas bouger. Je suis tétanisé d’angoisse. Le ciel se strie d’éclairs blancs. Mon monde se fendille peu à peu. Ce ne peut être vrai. Des images défilent dans ma tête, lui, dans la chambre, son corps superbe, sa longue chevelure blonde, les draps de satin verts. Quelque chose cloche pourtant dans ce décor si familier. Du sang, partout, du sang vermeil, liquide improbable. Je secoue la tête en hurlant. William fonce sur moi et plaque une main sur ma bouche. Ses yeux couleur azurés me glace le sang. Sa poigne est forte et je panique.

-Écoute bien Anelysse, j’ai été sympa avec toi, mais il faut que tu arrêtes de venir ici. Ce n’est plus chez-toi. J’aurais pu te faire emprisonner pour ce que tu as fait, mais je t’ai laissé une chance car je t’aime bien et je savais que tu n’allais pas bien. Mais je ne pourrai rien pour toi si tu persiste à revenir.

Sa voix est si lointaine, si désincarnée de celle que je connais. Il raconte un tas de sottises. Je vie ici.

-C’est notre maison William, pourquoi te mets tu dans cet état ?

Le son de ma voix dépose dans ses yeux une lueur embuée. Il me relâche et me tends un papier. Je secoue la tête et recule. Je refuse de le prendre, ceci détruira ma vie, je ne veux pas le lire. Il m’attrape le bras et le fourre dans mes mains puis s’éloigne lentement. À la fenêtre, un rideau est tiré, j’entrevois une main aux longs doigts féminins. Dans un éclair, j’aperçois la bague qui brille de mille feux.

Un sacrilège.

Une longue plainte inhumaine s’échappe de mes lèvres. Tel un animal blessé, je tombe à genou et un torrent de larmes secoue mon corps prostré. Doucement, une fine pluie se déverse des nuages trop plein et vient délaver le papier que William m’a remis. On peut y lire une restriction de la cour à mon nom. Je n’ai pas le droit de l’approcher. J’ignore combien de temps s’écoule avant qu’ils finissent par arriver. Un voisin les a alertés. J’entends des mots, sans pouvoir en faire des phrases, comme si j'étais dans un brouillard épais. Maladie, héréditaire, suicide, fiancé, dépression, puis, la voix si semblable à celui que j'ai tant aimé, qui explique à un policier : 


-J'étais le frère de William. Anelysse me confond avec lui depuis sa mort.

À ce dernier mot, quelque chose en moi se brise. Mon cœur s’éteint lentement. Devenant molle soudainement, l’ambulancier qui me soutient manque de me laisser tomber. Mais ça n’a plus d’importance, car je me souviens. Ce soir-là, quand je suis rentrée avec à la main, une note inscrite d’un médecin qui confirmait que j’étais bel et bien enceinte. Mes pas qui me guident jusqu’à la chambre et mon haut le cœur à la vision du sang, partout. William mort, la cervelle en bouilli sur le mur décoré de papier peint qu’on avait choisi ensemble. D’un geste désespéré et incompréhensible, il avait détruit notre bel avenir. Et tandis que l’on roule vers l’inconnu, je sais que jamais plus je ne pourrai rire à nouveau.

Aujourd’hui :

Tout s’en est allé, la musique qui nous unissais autrefois, le rire que nous partagions, l’amour qui nous aveuglait. Je t’ai tant aimé, comment cela a-t’ il put nous arriver ?
Tu m’as tout pris, il ne reste plus de moi, que la lente agonie. Que des notes désordonnées, qui hurlent en écho sourd dans le silence de l’éternité. Je m’entends encore, supplier tes yeux froids. Les murs blancs sont étroits, il n’y a pas de fenêtre. Ils ont dit que c’était pour ma sécurité, pour la sécurité de l’enfant que je porte. Mais je n’en veux pas. Alors ils m’ont attaché. Je suis comme cette femme sur le tableau de ma chambre. Nue et seule au milieu de l’infini. Au milieu de nulle part.

samedi 20 septembre 2014

Lettre anonyme

(Thème : Lettre anonyme)


À toi que j’ai tué le 27 mai 2004,

Je ne sais pas comment t’écrire cette lettre. Tu ne pourras jamais la lire. Je me sens idiote. Je voudrais tellement, pour une fois dans ma vie, pouvoir changer le passé. J’ai fait une erreur. Ce n’en était pas une au début. Je l’avais acceptée. Puis, les années ont passées. C’est ça le pire. On se croit tout puissant à vingt et un ans. On croit tout savoir sur la vie, sur nous-mêmes, sur les grandes questions sans réponses. On songe, bêtement, que tout s’arrange. Que nos gestes, n’auront pas de conséquences et pourtant…

Je suis désolée. Même si ce mot n’a aucun sens. Même si cela ne change rien. Je me suis déjà apitoyée. Trop. Tout ce que je pourrai dire ou écrire, n’aura jamais de sens à mes yeux et au tiens. J’étouffe. Ce poids sur ma poitrine. Ça hurle à l’intérieur. Un cri sans son. Un cri d’impuissance. Je suis désolée. Je ne savais pas.

Et j’ai envie de rire. Car tout ceci est si futile et ridicule face au geste posé. Tu ne peux plus te défendre tandis que moi, je chercher l’absolution.

Vingt et un an. Comme si l’âge pouvait justifier. Comme si cela pouvait excuser. Je voulais être avec toi. Mais j’avais peur. Cette peur qui n’a pas de nom, qui est invisible mais qui te prends aux tripes et te fait transpirer et cauchemarder la nuit. J’en étais malade. Malade de peur et de ce que l’avenir voulait dire. Malade de toi.

J’ai oublié de respirer, de rire et d’espérer. J’ai vu le noir de la nuit, celui qui ne laisse pas la lumières transparaître. Il n’y avait pas d’étoiles, ni de lune. Je voulais ton futur aussi rose que mes rêves. Je voulais ce que je n’avais pas. Alors j’ai fait un choix. Le plus insensé et égoïste qui soit.
Car il y en a toujours eu que pour moi.

J’ai dit des grandes phrases à ce moment-là, pour me sentir plus adulte. J’ai souri. J’ai caché. Je savais ce que je faisais. Je n’ai pas hésité. Jamais. Mais pourras-tu me croire quand je te dis que je t’aimais. Tellement. Plus que ma vie. Ma vie. Un mot jeté innocemment sur cette page. J’avais tous les droits. J’ai pris tous les droits. J’ai décidé. J’ai choisi. Aujourd’hui, j’ose écrire furieusement ces mots sur cette feuille de papier blanche. Mais ça ne change rien. Malgré tout ce que je dirai ou ne dirai pas, malgré tout ce que j’écrirai ou pas, tu sais ce que je veux et ce que je ne pourrai pas avoir de ta part : le pardon.

J’ai pris ta vie. Ce crime se paye aujourd’hui. Il n’y aura aucun pardon.

Mon corps est devenu ma prison. Mais sache, que je n’ai eu de cesse de penser à toi depuis tout ce temps. Je finis cette lettre en séchant mes larmes qui n’ont pas lieu, puisque, je suis la meurtrière. Tu étais innocente et fragile. Je n’ai pas su te protéger. J’étais une enfant dans un corps d’adulte qui un matin de mai, a crû avoir le pouvoir de Dieu.

Je marcherai sur ce chemin épineux chaque jours pour me rappeler, qu’on ne prend pas impunément une vie sans qu’un jour, cette vie nous sois prise à son tour.

Mais tu dois le savoir. Je t’aime. 

Le masque


Elle est assise au milieu de la pièce le regard vide. Sa jupe d'un jaune flamboyant est déchirée et sale. Il n'y a aucun bruit, hormis sa respiration sifflante. De longues traces de mascara noir sillonnent ses joues couleur cendre. Sa lèvre inférieure d'un rouge indécent est coupée et saigne légèrement. Elle ne bouge pas. Elle cligne à peine des yeux. Son poing, crispé sur un marqueur noir, est blanc à force de serrer. Autour d'elle, le chaos.

Tous les murs, blanc immaculé, sont à présent noircis de centaines et de milliers de citations. Elle les a toutes écrites l'une après l'autre. Certaines citations racontent sa vie, d'autres celle qu'elle rêve de vivre. Elle a habillé le vide de mots. Des mots qui veulent tout dire. Des mots qui refusent de passer ses lèvres scellées par le temps.

Elle est épuisée d'avoir écrit mais pas apaisée. Son coeur bat furieusement contre sa cage thoracique. Il aimerait tellement lui insuffler une brise d'espoir, un souffle d'énergie, mais il sent le poison de l'abdication couler lentement en lui. Elle a perdu du sang. Précieux fluide. Elle s'est coupé les bras. Dans sa rage, elle a troqué le feutre contre son sang donnant ainsi vie à ses mots. Quelqu'un les lira, un jour. Il ne comprendra pas le message.

Il ne verra que des mots enchevêtrés. Comme sa vie. Il dira que c'était inévitable. Il ne cherchera pas à voir au-delà de toutes ses lettres.
Elle n'est pas encore prête.

Alors, lentement, mécaniquement, elle se lève. Elle ramasse un pinceau et le trempe dans la peinture blanche. D'un pas morne, elle s'avance vers le mur et commence à le repeindre. Des heures passent où sans réfléchir, elle repeint sa chambre, replace les meubles et accroche le miroir qui était dans un coin. Puis, elle enlève ses vêtements déchirés, passe un jean et un pull à manches longues pour cacher ses blessures et se dirige vers le miroir. Elle se fixe sans se voir. Elle nettoie les traces de mascara, dissimule les rougeurs avec du fond de teint, peint ses lèvres meurtries, allonge ses cils d'un mascara haute de  gamme. Finalement, elle se parfume. Puis, elle entend la porte de la chambre s'ouvrir. Juste à temps, elle plaque un sourire lumineux sur son visage, et se retourne et enlace son petit ami. Et pendant qu'il la serre contre lui, il ne voit pas le vide abyssal derrière la façade de ses magnifiques yeux verts.

Il ne voit pas le masque.

Rupture

J't'ai regardé dans les yeux. Tu n'as pas cillé. Pas une seconde. J'ai vu la froideur. Celle qui existe dans les yeux de ceux qui sont déjà ailleurs. J'ai vu tes lèvres bouger. Je n'ai pas entendu les mots. Tu te tenait droit. Droit comme si c'était facile. Ton corps ne parlait pas. Il n'y avait rien. Que tes mots que je ne voulais pas comprendre. J'ai fait un mouvement inconscient vers toi, tu as reculer. Je me suis raidi. Tu n'étais plus là. Je ne voyais plus l'amour dans l'iris bleuté. Je ne sentais plus la chaleur. Tu étais déjà si loin et moi, j'ai vu le vide abyssal nous séparer peu à peu. J'ai eu peur. 

Tu as secouer la tête comme si tu étais désolé. Tu ne l'étais pas. Tu m'as fait un signe de la main et tu es parti. J'ai crié. Je crois. Mais aucun son n'est sorti de mes lèvres. J'ai alors dégluti. J'ai voulu avancer, mais tu avais déjà creuser un néant d'impossible entre nous. Je suis alors resté sur place anéantie. Mes épaules se sont affaissées. J'ai senti le poids de la solitude creuser son chemin jusqu'à mon coeur. La douleur s'est doucement répandue dans mes veines puis a explosé en millier de morceaux froids et métalliques. Des larmes ont alors coulées le long de mes joues. C'était fini.

Et cette fin, ce mot, sa signification me rendait malade. Elle mettait un terme à mes rêves et mes espoirs que j'avais forgés avec toi. Tu venais de tout saccager. Quelques minutes et tout n'avais plus d'importance. Cela avait semblé si facile pour toi. Je n'avais rien vu dans tes yeux. Aucun regret. En tournant le coin de la rue, tu as tourné la page de notre histoire. Comme si ce n'était qu'un roman. Et ta vie continuait. Mais la mienne ?

Alors je me suis demandés si cela valait la peine de te pleurer. On m'aurait dit non. Mais ils ne savent pas.  Ce n'était pas eux, c'était moi. Moi pris avec la douleur traîtresse. Le vide des nuits sans toi, la noirceur des journées sans ta voix et ton sourire. Et je devais recommencer sans cela. Sachant que rien n'avait eu d'importance. Que ça n'avait été qu'un moment parmi tant d'autre. Une fille comme les autres. 

Plus que tout, c'est cela qui me blessait à saigner. Que je sois comme les autres. Que je ne sois pas si spéciale, que je n’aie pas l'éclat. Toute ma vie, je l'ai cherché cet éclat. Celui qui me ferait briller, qui me rendrait unique et merveilleuse. Toute ma vie, je l'ai cherché l'amour qui me guérirait, qui me transporterait. J'ai rêvé démesurément ma vie et une fois de plus, je me retrouvais confronter au vide.

Alors, j'ai fait la seule chose possible. Car il ne me restait plus grand chose qu'un coeur en miette et un corps fatiguée qui n'aspirait qu'à dormir. 

Je me suis relevée, j'ai rejeté les épaules en arrière et j'ai fait un doigt d'honneur en direction du ciel.

Second souffle

L'alcool circule dans ses veines. Un doux poison qui inhibe toutes pensées et tout sentiment en elle. Elle marche, un sourire sur les lèvres. La musique hurle dans ses oreilles. Elle esquisse quelques mouvements de danse sans se préoccuper des regards des autres. L'alcool lui donne ce pouvoir. La nuit est noir, les trottoirs sont à peine illuminés par la lumière orange des lampadaires. Il est tard, il n'y a pratiquement personne dans les rues. Subitement, une envie sauvage s'empare d'elle. Une urgence. Elle quitte le trottoir pour aller marcher en plein milieu de la rue. Il n'y a pas de voiture, pas encore mais elle veut confirmer quelque chose. Alors au loin, les lumières blanches des fards d'une voiture l'éblouie. Son coeur se met à palpiter. L'adrénaline déferle dans ses veines et fait exploser son corps d'une douce euphorie. Le danger. La mort. Elle les sent en elle, comme un ver qui la rongerait. Elle aime le sentiment. Elle n'a pas peur. L'alcool l'empêche de comprendre totalement ce qui pourrait lui arriver si elle ne bouge pas suffisamment vite.

Elle observe la voiture foncer droit sur elle. C'est la mort qui va lui rentrer dedans. Un coup de poing en pleine figure. L'anéantissement d'une existence sans éclat. Elle se surprend à se demander si elle a envie de se pousser. Elle hésite. Elle se tien en équilibre sur la ligne jaune au milieu de la rue. L'adrénaline bourdonne à ses oreilles. Un choix qui peut sembler si simple, mais qui ne l'est pas finalement. Puis, à la dernière seconde, elle s'écarte de la trajectoire du bolide. Un coup de klaxon retentit quand la voiture passe près d'elle et la frôle. Sa robe se soulève sous la le vent et la poussière que l'auto laisse derrière elle. La jeune fille éclate de rire. L'espace d'une seconde éphémère, elle s'est sentie en vie. Un sentiment puissant et grisant qu'elle voudrait le ressentir à nouveau, là tout suite.

Elle court dans les rues déserte, laisse la musique la guider. La vie ce soir semble lui appartenir. Même si il y a deux minutes, elle a sentit la caresse de la mort sur sa joue, sur ses lèvres, elle n'y a pas succombé.  Elle a choisi. Et les couleurs de sont choix se réverbèrent sur l'asphalte et les lampadaires illuminant le ciel de scintillement aux reflets dorés.

Tout à coup, derrière elle des pas se font entendre. Ils se calque à son rythme. Elle est suivi. De nouveau, la proximité du danger lui donne des ailes. Elle court plus vite. C'est un jeu. Le jeu de la vie. Pour ressentir, elle doit agir. Elle le comprend en courant. Plus elle bouge, plus elle inhale de l'espoir et de l'assurance. Elle sait ce qu'elle veut. Elle refuse de laisser une seconde de plus de sa vie à l'inertie qui l'enveloppait depuis quelques temps. Elle réalise qu'elle a trop pleurée, qu'elle à laissé faire pendant trop longtemps et qu'elle a perdu le goût de se battre. Marionnette d'un destin fade, elle se complaisait dans son malheur. Elle refuse de s'agenouiller une fois de plus sous le poids du monde. Elle refuse d'abdiquer. Chaque seconde, où elle inspire l'air frais de la nuit, elle reprend des forces. Plus elle expire sa souffrance, son désarrois et sa solitude, plus elle gagne du terrain. Les pas menaçant s'efface peu à peu. 

Elle arrive finalement, essoufflée, au pied de l'église au coin de sa rue.  Les marches sont illuminés par la lumière du clocher. Elle s'assoie sur les plus hautes marches, son coeur cognant contre sa cage thoracique. Elle a le souffle court. Ses long cheveux blond sont en bataille. Sa robe blanche lui colle à la peau. Elle regarde la rue qui s'ouvre devant elle. Elle est seule. Il n'y a personne. La mort a échouée. Et même si les cicatrices ne se sont pas effacées, même si, maintenant que l'adrénaline quitte ses veines ainsi que l'alcool, elle ressent un peu de détresse, elle ne franchira plus jamais cette mince ligne qui traverse le néant. Elle bâtira des oasis dans le désert de sa vie. Elle élèvera des murs de soies et de fleurs. Mais plus jamais des barrières infranchissables.

Elle est jeune. Elle utilisera cette force pour semer des fleurs de vies autour d'elle. Elle échouera certainement encore quelques fois, et probablement qu'elle pleurera parfois la nuit le vide d'un amour qu'elle chérira toute sa vie. Mais elle ne succombera plus aux murmures des anges noires autours d'elle. Elle ouvrira ses bras au ciel, au soleil et à la lumière du monde. Elle sublimera la noirceur en elle, l'exposera et l'empêchera à jamais de la contrôler.  Elle créera des oiseaux aux ribambelles de couleurs magique qui scintilleront quand elle se sentira perdue. 

Elle lève les yeux vers les étoiles qui tapissent le firmament. Elle esquisse un sourire soulagé. La lune lui rend son sourire. Ce soir, une jeune fille a tenu la main de la mort, à marcher vers l'éternité de souffrance qu'elle se croyait vouée à vivre et à choisi les rêves et la lumière. Ce soir, la glorification de la vie a pris tout son sens.

Des lys

Des lys blanc sur les berges de son coeur meurtrie,
Des oiseaux aux couleurs du paradis, pour ses yeux noyés de larmes,
Des sourires lumineux pour l'absence de la saveur d'antan
Des beautés sauvage, dans les rivières miroitantes des soirées uniques.

Un rire fragile,
Une brise caressante,
Une chaleur réconfortante,
Un espoir minuscule d'un coeur rapiécé

Des bulles de savon remplies de confettis,
Des joies dans les riens du  présent,
Des souvenirs enfouis dans le sable du temps,
Des murmures racontant l'histoire d'une vie

Des lys dorés au vent de l'été
Dans une plaine parsemé de rêves et d'éternité

L'arlequin écarlate



Il lève son couteau et va l’abattre sur le corps inoffensif étendu sur le lit. Elle semble dormir paisiblement. Un sourire flotte sur ses lèvres. Il ne ressent rien de particulier. Un peu de frénésie peut-être. Il est excité aussi car il n’aurait jamais crû que se serait aussi facile. Il avait trouvé étrange la demande de sa cliente mais après tout, peu importe les lubies fantasques des gens, s’ils payaient bien, il accepterait de se plier au jeu. Alors sans rouspéter, il avait enfilé le costume d’arlequin rouge et noir et s’était présenté au 11600 boul. des Cartes. La clé était bel et bien sous le paillasson comme elle le lui avait assurée. Il avait ouvert la porte, qui avait grincée sous ses gonds, et il avait pénétré dans la maison de style victorien. Il était monté à l’étage sur le bout de ses chaussures retroussées et le voilà qu’il s’était retrouvé dans la magnifique chambre au lit à baldaquin et aux rideaux tirés d’un rouge sombre. D’un rouge sang.

Il inspira. Une fois, deux fois, trois fois, puis …

_ Échec et mat !

L’homme sursauta et lâcha son arme qui tomba dans un bruit sourd sur la moquette. Son regard éberlué se posa sur deux inconnus costumés de la même manière que lui, qui jouaient aux échecs sur une table carrée près du feu.

_ Elle est déjà morte ! Lui lança d’une voix égale le plus grand des deux !

Le papillon

Voltige haut dans le ciel, papillon. Laisses-toi emporter par le vent. Déploie tes ailes couleur sublime et vogue doucement sur les notes de la liberté. Oublie la terre. Oublie les promesses qui ne sont que des blessures à vif. Ne regarde pas derrière toi. Soit fort.

Ne pleure plus pour ce qui n'a jamais valu la peine. Sèche tes larmes de solitude. Regarde l'infini autour de toi. L'immensité céleste, les nuages floconneux, les rayons chaud du soleil. Admire le ciel, libre de toutes attaches. Berces-toi de la mélodie angélique de l'indépendance. Soit plus que ta nature. Emplis-toi d'absolu et de lumière. 

Forge ton coeur dans la force des éléments. Prend ton envole et ne reviens pas. Efface d'un battement d'aile toute les douleurs passées. Tu n'es plus à eux. Tu ne te défini plus par leurs paroles et leurs actes. Tu es magnificences. Tu es grandiose dans ce ciel immense à voler vers de nouveaux horizons. Une minuscule taches de couleur brillant de milles feux. L'espoir.

Ferme les yeux. N'ait pas peur. La cruauté, le désespoir et la violence ne t'atteindront plus jamais. De minuscule chenille insignifiante, tu es devenu magnifique papillon. Fragile mais fort à la fois. Déterminer à vivre malgré le danger. Conquérant. 

Fier tu parcours ton chemin en laissant derrière toi l'enveloppe de tristesse qui t'enveloppait. Tu t'es libéré de tes chaînes. Tu as surmonté les pertes et le rejet. Tu es devenu plus fort que ce qu'ils pouvaient tous penser. 

Tu voles dans le ciel bleu, tu les nargues du haut des étoiles. Tu connais enfin la douce euphorie et l'ivresse de l'immunité.

Tu es papillon mais dans les yeux ternes des humains, tu es le plus beau des rêves qu'ils est pus contempler. Et sur leur lèvres ils se surprirent à te nommer : Éternité.