(Thème : La brûlure du soleil)
Le vent caresse doucement la peau
de ses épaules dénudées. Figée sur place, le regard rivé à l’horizon éclaboussé
d’or, elle ne cesse de triturer le pli de sa longue robe d’un blanc crème sertie
de paillettes multicolore. Le sable chaud lui brûle la plante des pieds.
Elle ne bouge pas.
Elle a peur de laisser aller, de
regarder en arrière et de se rendre compte que c’est bel et bien terminé. Elle ne
rira plus jamais avec eux, ni ne se fera plus jamais insulté. On ne se moquera
plus de sa longue chevelure de feu, de même de ses minuscules tâche de rousseur
parsemées sur ses pommettes et le bout de son nez retroussé. Il semble que c’était
hier encore qu’elle les apercevait pour la première fois.
Réminiscences des jours où elle n’avait
rien à faire que de paresser dans son lit.
Quelques larmes perlées de
nostalgie glisse sur ses joues fardées avec soin. Elle n’a rien laissé au
hasard. C’était important pour cette dernière nuit. Elle ne voulait pas faire
ses adieux en haillons. Il lui fallait être belle, pour leur laissé une image
précise, une image souriante et heureuse d’une fille qui malgré les jours plus
difficiles, à su s’élever au-dessus de tout. Elle déglutit difficilement,
essayant de ravaler l’émotion qui la submerge. Tous les souvenirs de la vieille
se bousculent à la porte de son cœur encore si jeune. Bientôt, ils se réveilleront
et se rendront compte, qu’ils ont fini d’écrire l’épilogue de l’histoire.
Elle voudrait avoir le pouvoir de
cesser le temps.
Être hier encore, dans les bras
de son copain, une bouteille de bière à la main et le regard pétillant de joie
et d’éternité. Elle voudrait encore ce sentiment de liberté infini qui l’a
enlacé toute la nuit où ils ont fêtés. Mais tel l’océan à ses pieds, la nuit s’est
retirée peu à peu pour faire place à cette journée, certes magnifique, mais qui
sonne le glas de la fin de l’innocence. La fin de ce qu’elle est, et ne sera
plus jamais. Elle serre les poings d’anxiété.
Une mouette passe près d’elle et
laisse fuser un rire moqueur.
L’oiseau sait. Il en a vu d’autre
comme elle. Des filles ou des garçons, au bord de la vie, qui oscille dangereusement
entre l’euphorie et le désespoir de voir le monde s’ouvrir à eux. Un vertige enivrant,
mais oh combien grand, qu’ils craignent ne pas pouvoir le contenir en eux et
que celui-ci explose. Devenir adulte, en ayant encore dans les yeux, la lueur
enfantine des jours pas si loin, où ils jouaient tous ensemble.
L’innocence de ne pas savoir.
Et tandis que la mouette continu
son chemin, imperméable à l’angoisse de celle sur la plage, la jeune fille fait
demi tour pour retourner à la tante où tous ses amis l’attende. La brûlure du
soleil qui irradie depuis déjà quelques heures dans le ciel bleu immaculé, laissera
des marques rubescentes sur sa peau et lui permettra ainsi, de se rappeler
encore un temps, que la veille, elle a fêté la fin de ses études secondaires.
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