vendredi 26 septembre 2014

Hier encore



(Thème : La brûlure du soleil)

Le vent caresse doucement la peau de ses épaules dénudées. Figée sur place, le regard rivé à l’horizon éclaboussé d’or, elle ne cesse de triturer le pli de sa longue robe d’un blanc crème sertie de paillettes multicolore. Le sable chaud lui brûle la plante des pieds. 

Elle ne bouge pas.

Elle a peur de laisser aller, de regarder en arrière et de se rendre compte que c’est bel et bien terminé. Elle ne rira plus jamais avec eux, ni ne se fera plus jamais insulté. On ne se moquera plus de sa longue chevelure de feu, de même de ses minuscules tâche de rousseur parsemées sur ses pommettes et le bout de son nez retroussé. Il semble que c’était hier encore qu’elle les apercevait pour la première fois. 

Réminiscences des jours où elle n’avait rien à faire que de paresser dans son lit. 

Quelques larmes perlées de nostalgie glisse sur ses joues fardées avec soin. Elle n’a rien laissé au hasard. C’était important pour cette dernière nuit. Elle ne voulait pas faire ses adieux en haillons. Il lui fallait être belle, pour leur laissé une image précise, une image souriante et heureuse d’une fille qui malgré les jours plus difficiles, à su s’élever au-dessus de tout. Elle déglutit difficilement, essayant de ravaler l’émotion qui la submerge. Tous les souvenirs de la vieille se bousculent à la porte de son cœur encore si jeune. Bientôt, ils se réveilleront et se rendront compte, qu’ils ont fini d’écrire l’épilogue de l’histoire. 

Elle voudrait avoir le pouvoir de cesser le temps. 

Être hier encore, dans les bras de son copain, une bouteille de bière à la main et le regard pétillant de joie et d’éternité. Elle voudrait encore ce sentiment de liberté infini qui l’a enlacé toute la nuit où ils ont fêtés. Mais tel l’océan à ses pieds, la nuit s’est retirée peu à peu pour faire place à cette journée, certes magnifique, mais qui sonne le glas de la fin de l’innocence. La fin de ce qu’elle est, et ne sera plus jamais. Elle serre les poings d’anxiété.

Une mouette passe près d’elle et laisse fuser un rire moqueur.

L’oiseau sait. Il en a vu d’autre comme elle. Des filles ou des garçons, au bord de la vie, qui oscille dangereusement entre l’euphorie et le désespoir de voir le monde s’ouvrir à eux. Un vertige enivrant, mais oh combien grand, qu’ils craignent ne pas pouvoir le contenir en eux et que celui-ci explose. Devenir adulte, en ayant encore dans les yeux, la lueur enfantine des jours pas si loin, où ils jouaient tous ensemble. 

L’innocence de ne pas savoir.

Et tandis que la mouette continu son chemin, imperméable à l’angoisse de celle sur la plage, la jeune fille fait demi tour pour retourner à la tante où tous ses amis l’attende. La brûlure du soleil qui irradie depuis déjà quelques heures dans le ciel bleu immaculé, laissera des marques rubescentes sur sa peau et lui permettra ainsi, de se rappeler encore un temps, que la veille, elle a fêté la fin de ses études secondaires.

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