jeudi 23 octobre 2014

Sans titre

 Texte écrit à partir de la photo suivante : 





Ma chère fille,

[i]Je te regarde présentement à l'extérieur, tu joues avec un papillon. Je t'ai mis ta jolie petite robe jaune constellée de fleurs blanche. Tes cheveux d'un blond doux virevoltent au gré de la brise estivale. Je t'entends rire et mon cœur fond. Je prends le temps aujourd'hui, de mettre sur papier tout l'amour que j'ai en moi pour que tu te souviennes à jamais, que je te désirais plus que ma vie...


Lentement, presque langoureusement, je m'avance vers toi. Chacun de mes pas est fébrile. Tu m'observes, un sourire provocateur sur les lèvres. Tu es adossé nonchalant sur la rambarde de la fenêtre. Ton corps musclé est offert à ma vue et mon cœur cesse presque de battre tant il est désir. J'ondule des hanches et presse mon corps contre le tien. Tu presses goulûment ta bouche sur la mienne. Je sens ton haleine à la menthe, tous mes sens sont exécrés, je suis si heureuse. Je rejette la tête en arrière, gémis doucement quand ta bouche se pose sur mon bas-ventre. Je m'abandonne, offerte, libre, en vie. Je presse mes doigts dans ta chevelure d'ébène et t'incite ainsi à découvrir mes secrets. Doucement, je sens ta langue...

-Coupez !

Un grognement d'insatisfaction s'échappe de mes lèvres. Haletante, je regarde Maël se relever lentement et s'ébrouer.-Bravo les enfants, on a tout dans la boîte ! Vous pouvez aller vous rhabiller !Maël m'adresse un petit sourire puis se dirige vers la table et prend une cigarette dans le paquet et se l'allume. Toujours chancelante, je m'appuie à la plante en plastique près de moi. J'ai du mal à reprendre contenance. Maël fume tranquille, sans se soucier de sa nudité. Après une minute, il écrase la cigarette dans le cendrier et me fait un geste de la main. Je manque de défaillir et mon cœur se dilate d'appréhension. J'ai une sensation de vertige, comme si j'étais dans un manège. Il m'invite à le suivre

....J'ai attendu longtemps avant de t'avoir. Je voulais être prête. Aujourd'hui, j'ai un peu le regret d'avoir autant tardé. Je ne te verrai pas grandir. Cela me brise le cœur, mon enfant chéri, si tu savais. C'est pour ça qu'il est important que je t'écrive, pour que tu n'oublies jamais...


Je me dirige avec empressement vers ma loge pour me refaire une beauté. Une lueur d'espoir illumine mon regard bleuté quand je m'observe dans la glace pour parfaire mon trait de liner. Il m'a enfin remarqué, il voit finalement au-delà de l'actrice porno que je suis. Naturellement, un sourire se dessine sur mes lèvres couleur cerise. Peu importe, mon âge, il comprendra s'il m'aime vraiment. Je peaufine ma coiffure quand j'entends quelqu'un pénétrer dans ma loge. Je me retourne, certaine que c'est Maël

....Tu trouveras cela difficile au début. J'en suis tellement désolé. Crois-moi, Lys, si j'avais pu changer ma destinée, je l'aurais fait. Tu ne comprendras pas, mais ne m'en veux pas. J'avais le droit à la dignité. Je veux que tu saches, que tu es une fille fantastique. Ne laisse jamais personne te faire croire autre chose. Tu es ma fierté mon ange. Je vois un futur brillant pour toi. Tu es si intelligente et d'une beauté éblouissante. Tu briseras des cœurs, mais je sais, que tu trouveras celui qui saura t'aimer et te chérir...

-Lys, nous devons parler.

Ma mâchoire se contracte. J'ai un mouvement de recul involontaire.

-Que voulez-vous ?

Ma voix n'est pas aussi assurée que je le voudrais. La peur qui fleurit lentement en mon sein s'échappe par chaque pore de ma peau. Je déglutis et croise mes bras sur ma poitrine pour essayer de me donner bonne contenance.

-Je n'ai toujours pas eu mon paiement Lys. J'ai attendu, parce que je t'aime bien et parce que tu es sensass dans mon film, mais trois mois, c'est plus que je laisse à mes meilleurs amis. Il y a des gens qui ont besoin de ce fric Lys et je ne peux pas leur donné si toi, tu ne me le rends pas.

-Je l'aurai demain, je vous le promets.

Il ricane et ses yeux se rétrécissent.

-Lys, sais-tu combiens d'enfant que je vois comme toi ? Tu ne me payeras pas ma jolie, tu vas seulement te sauver. Malheureusement, je ne peux accepter cela.

Sans que je le voie venir, il m'attrape le bras et le tord dans mon dos. Un petit cri de douleur m'échappe. Le sourire du réalisateur s'accentue. Il approche son visage du mien pour m'embrasser, mais désespéré, je lui crache au visage.

-Petite garce ! Siffle-t-il.

Il lève la main et me gifle brutalement. Je sens ma tête cogner contre le miroir. Des larmes brûlantes coulent le long de mes joues se mêlant au sang de ma lèvre inférieure que j'ai mordue sous le choc de la gifle.-Tu n'es qu'une petite mal élevée, mais à ton âge, c'est normal, je vais t'apprendre les bonnes manières et plus jamais, tu ne me défieras. C'est moi qui te fais vivre, il est temps que tu l'apprennes

.... Je termine cette lettre, Lys chérie, en te remerciant de toute ta bonté et tout l'amour que tu as su me transmettre. Je pars heureuse. Ne m'en veux pas d'avoir choisi moi-même l'heure de ma mort. Je voulais que tu gardes en toi la beauté des jours heureux. Il est si ravageur ce cancer, bientôt, je ne serai plus que l'ombre de moi-même. Je ne pleurerai pas Lys, car je n'ai pas peur pour toi. Tu sauras être forte et faire de ton futur, un jardin de fleurs.

Je t'aime ma fille.Maman xx


Je crois qu'il est parti. Je n'en suis pas certaine. Mes pensées vibrent sous mon crâne douloureux. Je sens déjà l'enflure de mon œil droit. Je distingue à peine mon environnement. J'exalte un souffle rauque en relâchant la seringue de mon bras qui tombe à mes côtés. Lentement, j'attrape la petite boîte blanche qui traîne en dessous du bureau. D'un geste mesuré, pour ne pas réveiller la douleur, j'en sors une lettre et la déplie.

Ma chère fille,
Et les larmes coulent sans retenue sur mon visage tuméfié.

vendredi 17 octobre 2014

La peur

Ce texte a été écrit avec un thème qui était La peur.


Je t'observe tendrement, le cœur battant un peu plus fort à chaque seconde. Le silence est total, seul notre respiration dissonante, fait écho dans cette pièce vide. Murs blancs, troués à plusieurs endroits, vestiges d'une autre vie que la nôtre. Plancher en bois de pins, jolie mais usé. Aucun meuble, ni lit ne donne de personnalité à cet endroit. Seulement un matelas à même, le sol, posé dans le coin le plus reculé de la minuscule pièce. Notre île au milieu du désastre. 

Tu es couché en boule, les genoux remontés jusqu'au menton. Je ne peux m'empêcher d'être étonné de ton habilité à dormir ainsi, abandonné et sans défense, surtout quand dehors, la colère gronde, tel une journée orageuse. Seulement aujourd'hui, ce n'est pas de la pluie qui se déversera sur nous, mais des milliers de flèches haineuses portant en elles le message de leur ignorance. Ils brandissent leur mépris, peint sur des pancartes, en couleur du fluide vitale qui pourtant, nous unis tous, comme des boucliers contre l'abomination que nous sommes. Autant d'années, pour revenir à ces siècles d'esclavages. 

Une rumeur grimpe le long des murs qui nous protègent et vient se fracasser à la minuscule fenêtre qui déverse le peu de lumières de ce début de journée. Une aube grisâtre aux allures de fin du monde. Je frisonne convulsivement. Comment arrives-tu à dormir ? À faire abstraction d'eux, de nous ? J'ai si peur, pour toi, pour moi, pour eux. J'ai peur mon amour que leurs folies nous brisent. Je sursaute quand je sens glisser lentement sur mes joues des larmes brûlantes de leurs arrogances. Le danger rode dans chaque cri qui se heurte aux murs de notre refuge. Il est là, aussi, tapi dans l'invisible qui nous sépare, toi et moi. Tu dors, à point fermé, mais pas moi. 

J'entends des bruits de pas dans la cage d'escalier. Ils arrivent. Ils psalmodient des phrases vident de sens, vident d'amour. L'humanité se meurt, elle ne grandit plus, elle se brise sur l'inintelligence de ce que la technologie à fait de nous. Des esclaves sans cervelle, sans tolérance et sans étincelle de compassion. Et moi, je pleure pour toi parce que je ne saurais pas avoir peur pour moi. C'est toi la pureté d'entre nous deux. C'est toi qui possèdes les yeux d'un bleu aussi pur que l'eau des pays chauds, le sourire d'une matinée d'été, le corps des nuits du début d'automne. Ils sont nombreux, j'entends résonner leurs présences partout autour de nous. Ils nous envahissent, nous exhortent de sortir de nous rendre. Tu t'agites. J'ai peur que tu te réveilles. Je ne veux pas voir ton joli minois se crisper sous la souffrance, je ne veux pas contempler tes larmes. J'ai peur Maïck. Tellement peur. 

Quelqu'un tambourine à la porte. Je sursaute violemment. J'ai envie de leur hurler de partir, de nous laisser en paix. L'amour n'est-il pas au-dessus de tout ? Je ferme les yeux, je vois les graffitis qu'ils dessinent sur les murs : Sales pédales - crevez enfants de Satan Les Pédés n'ont pas d'avenir, vous êtes des abominations de la nature, vous devriez mourir. Tant de haines Maïck, si tu les entendais, tu en serais choqué. Je renifle puis me lève. Il ne me reste que quelques secondes avant que tu n'ouvres les yeux, avant que ton innocence ne soit bafouillée, avant qu'ils nous tuent. Ils ne s'arrêteront pas avant que le sang coule, le nôtre, pour laver la terre de notre pêché. Tel est la vision qu'ils ont de nous, mais ils n'ont rien compris. Ils sont faibles. Mais nous, nous sommes plus que la somme de ce qu'ils ne seront jamais. Je m'approche doucement de toi. J'esquisse un sourire parce que tu es beau. Je m'assieds à tes côtés, regarde ce qui m'a fait craquer la première fois que je t'ai vu. Nous avons défié les lois, ces lois idiotes et sans fondements. Je t'ai entraîné dans cette horrible histoire, tu ne méritais pas cela. Tu méritais tellement plus. 

Je tremble Maïck, j'ai si peur. Ils sont des dizaines, sûrement des centaines à s'élancer contre la minuscule porte qui nous sépare d'eux. Elle va céder, je vois les gonds se tordes. J'ai peur Maïck. J'inspire profondément et dépose un léger baiser sur tes lèvres. Alors, doucement, comme dans ces contes enfantins, tu t'éveilles. Tes yeux se gorgent de lumières. Je souris, éblouis, puis, j'appuie sur la gâchette de l'arme à feu que je tiens, mais que tu n'as pas eu le temps d'apercevoir. Au même moment, la porte s'ouvre, fracassé par la haine. Je te serre dans mes bras et ton sang, me macule les vêtements. Je t'aime Maïck. Ils ne pourront plus te faire du mal, ils ne pourront plus te salir. Tu es à moi Maïck, pour l'éternité.

dimanche 5 octobre 2014

Recueils à lire absolument - Ou du talent à l'état brut !

Aujourd'hui, je n'écrirai pas de texte, mais je vais vous laisser deux liens de recueil vraiment abordables, de deux personnes qui ont un immense talent. Je les ai connu sur un forum d'écriture et ils ont franchi le pas de la publication à mon plus grand bonheur. J'ai déjà commandé et reçu le recueil de Jé et il est sublime. Un cadeau à se faire ou à faire à quelqu'un !

N'hésitez surtout pas !  Et partagez l'information sur vos propres blogs si vous voulez. Ça leur ferait un immense plaisir !

Heresy : http://www.thebookedition.com/photo-et-poesie-impressions-lointaines-elodie-agnesotti-p-115743.html

Jé : http://www.thebookedition.com/jerome-pergolesi-le-peuple-des-yeux-p-115157.html