Tu m'as poussé dans ce retranchement aussi noir que la prunelle de tes yeux.
Je
ne voulais pas. Tu as insisté. Tu jouais toujours à ce jeu avec moi.
Comme une idiote, je te suivais dans cette danse folle et macabre. Un
pas après l'autre, ensemble, nous avons signé ce jour grandiose.
Pourquoi
dis-je grandiose ? Car tu étais grand. Tu étais fort. Tu étais
puissant. Tu avais tout. Le monde à tes pieds se prosternaient. Un grand
roi. La couronne sur ta tête n'était qu'un objet. C'était dans tes yeux
qu'on pouvait lire ta véritable nature. On y voyait ta noblesse d'âme
et ton coeur pur.
Ton
avenir était déjà tout tracé. Tu aimais ton peuple, mais tu t'es lassé.
Tu ne voulais pas être enfermé dans cette prison dorée. Tu voulais
aller te battre. Tu souhaitais tant rejoindre les hommes qui te
servaient. Tu voulais être eux. Un souhait souvent demandé, mais jamais
exaucé. Un roi ne se bat pas. Il prodigue conseil, créer des armées mais
ne vas pas au front.
Tu étais un bon roi. Un roi respecté. Tu étais même adulé.
Je
peux te le confirmer. Je les vois les larmes dans leur yeux. Je vois
leur désarroi. Tu as créer un raz-de-marée de confusion et de désespoir.
Les gens affluent de tous les pays voisins pour venir constater d'eux
même cette tragédie.
Ils
sont sous le choc. Ils ne comprennent pas. Je les entends murmurer des
prières pendant qu'on m'amène les poings liés derrière le dos. Ils sont
prostré au pied de ton cercueil fièrement exhibé sur la plus haute
marches du palais. Ils sont des centaines, des milliers et des millions à
être là pour te communiquer leur amour. Ne peux-tu les entendre d'où tu
es ? Ne les vois-tu pas ?
Ils
psalmodient une longue litanie d'ancienne prières. Leur chagrin est un
crève cœur. Malgré les faits, ils m'ignorent. De toute façon, je
n'aurais pas pu te remplacer. Même si je l'avais voulu, je n'y serais
jamais arrivé. Ils m'ont toujours méprisé. Ils t'aimaient tant. J'étais
la tâche qui te suivait comme ton ombre. J'ai toujours vu dans leur
regards leur méfiance et leur dégoût à mon égard. Et pourtant...
Je suis magnifique. Plus belle que tu ne l'as jamais été.
Mais pourtant....
Et c'est pour cela que j'ai accédé à ton souhait de folie. Une demande égoïste et sans appel.
Tu
leur a toujours montré que la plus belle partie de toi. Et tu étais
bon. Mais ils n'ont jamais connu l'abîme de noirceur qui habitait ton
cœur. Cet abîme qui pourrissait ta vie, qui colorait tes yeux d'amertume
et de dépit.
J'étais la seule qui savait. La seule qui acceptait. La seule qui le pouvait.
Par amour je l'ai fait.
Je
savais mon destin. Je l'ai su dès le moment où tu as salué ton peuple.
Je me tenais près de toi. Petite, ignorante. J'ai vu comment ils
t'adulaient. Comment ils m'ignoraient comme si je n'existais pas.
J'ai su ce jour là que quoique tu ferais, jamais ils ne m'accepterait.
Alors
nous avons commencé à jouer toi et moi. Tu aimais la saveur du danger.
Cela t'excitais. J'étais la seule qui pouvait te supporter. Qui pouvait
comprendre cette noirceur en toi. Alors nous avons fait comme si...
Nous
avons oubliés que nous étions liés. J'ai dansé avec toi vers ces
profondeurs abyssale qui te hantait. Je me suis soumises à toute tes
folies qui te rapprochaient de la mort. Je t'ai fait goûté au poison de
la fatalité. Mais toujours je t'ai ramené à moi. Et tu en redemandais.
Tu voulais tromper la mort, tu la voulais pour maîtresse. Tu voulais la
baiser à la faire hurler.
Plus tu mourrais, plus tu te sentais vivant.
Et
c'est comme ça, qu'un matin de juin, le 21 précisément, à l'aube de tes
23 ans, tandis que moi je fêtais mes 17 printemps, tu m'as ordonné de
te prendre ta couronne. Il faisait un soleil magnifique. C'était le
solstice de l'été. Les fêtes se préparaient.
Tu
tremblais de désir. Tu n'as cessé de me harceler. Tu m'as dit que je
devais le faire. Que nous n'avions pas été aussi loin pour que je me
désiste à la dernière minute.
Puis tu as dit les mots chargé de fatalités.
_
Tu sais bien qu'ils ne t'aiment pas. Ils ne t'aimeront jamais. Mais
moi, je suis ton plus fidèle amant...exhausse mon vœux. Tu savais que
nous en arriverions là un jour..
Et
je t'aimais plus que ma propre vie. J'aimais ce que tu étais, mais
surtout ce que tu ne serais jamais. Et tu avais raison. Jamais je ne
pourrais être reine.
J'ai
pris l'épée. T'es yeux d'un bleu turquoise se sont illuminé, j'en fus
émue. Puis, tu m'as souris et je t'ai embrassé. Tes lèvres goûtait le
nirvana. Elles étaient les fleurs qui s'épanouissent le matin sous les
rayon du soleil. J'ai sentie ton excitation. J'ai sentie ta main qui se
glissait sous ma robe.
Je
t'ai laissé faire. Jusqu'à ce que ton plaisir soit à sont apogée.
Jusqu'à ce que tu n'en puisse plus et que tu me supplie d'y mettre un
terme.
Ce n'était qu'un jeu entre toi et moi.
Tu aimais la vie. Mais la mort te faisait plus envie.
Je n'ai pas hésité.
Parce que je t'aimais.
Je t'ai transpercé de ton épée royale.
Tu as jouie.
Et
il y a eu ce sang qui m'a éclaboussé les mains. Et j'ai vu la mort te
prendre. Tes yeux se sont assombris tandis que tu expirais ton dernier
souffle. Tu as esquissé un sourire. Des larmes ont brillés dans mes yeux
et ont coulées doucement sur mes joues.
J'ai pris ta couronne. Symbole de ta force, de ton courage mais aussi de ta grande faiblesse.
Tu voulais aller te battre, c'était ton plus chère désir. Pourtant, tu n'avais pas compris que de vivre était un combat.
Et tu l'avais perdu.
La mort avait eu raison de toi.
Et je l'avais encouragé.
Moi ta sœur.
J'avais tué le roi !
- Fin -
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