Elle est au sommet d'un ravin. Équilibre précaire. Envie de tout. Envie de rien. Envie de magnificence.
Elle est au sommet du ravin, contemplant l'immensité du vide sans apercevoir la couleur de celui-ci.
Le
vent balaye ses cheveux et les larmes dans ses yeux d'un gris lumineux.
La vie y brillent, mais y est ombrée par le spectre de la mort.
Tous
autour d'elle, se rassemblent, se relèvent et s'unissent. Elle est la
seule qui n'arrive pas à le faire. Elle ne trouve plus les réponses.
Elle n'a plus la flamme.
Les
bras en croix, le cœur battant, le froid l'enveloppant, elle voudrait
se laisser tomber. Mais pour ce faire, il faudrait qu'elle fasse
confiance au vide. Qu'elle accepte qu'il la rattrape. Qu'il
l'engloutisse. Mais elle ne fait pas confiance. Ont lui a volé depuis
longtemps ce précieux sentiment.
Elle inspire.
Tout devient noir. L'espoir n'était qu'une fantaisie qu'elle s'est
fait croire. Sa vie qu'un cauchemar. Elle espérais se réveiller un matin
et se dire que c'était fini. Que plus jamais elle côtoierait l'image
dans le miroir.
Elle
a tout appris. Elle a tout vu. Il ne lui reste que des miettes de ses
rêves qui ont été pulvérisés les un après les autres. Meurtrie par la
parole, meurtrie par les mains, meurtrie par la chair, meurtrie par la
stupidité et l'ignorance.
Dans
son âme elle connaît toutes les réponses. Elle n'a pas besoin qu'on lui
explique. Elle n'a pas besoin qu'on essaye. Les blessures à vives,
cicatrices brûlantes de ses échecs, sont la preuve qu'elle a échouée.
Elle n'appartient pas à ce monde. Elle n'est pas comme eux. Elle ne
mérite pas.
Toutes
ses années, ils ont voulu la briser. Comme une enfant, elle s'est
racontée une histoire. Celle qu'un jour, elle pourrait être la femme que
sa mère disait qu'elle serait. Que ce n'était pas important. Que chaque
paroles, chaque marques, chaque gestes déplacés, elle les relèguerait
au plus profond d'elle et les oublieraient. Elle serait plus forte que
leur haine. Plus forte que leur faiblesses.
Et
pourtant, aujourd'hui, au bord du ravin, se tenant en équilibre entre
la fin tant désirée, elle hésite. Elle rêve de mort violente, de mort
grandiose. Une fin à la hauteur de la vie qu'elle n'a pas. Un souvenir
marquant qui laissera sa marque. Une trace d'un rouge plus rouge que le
sang.
On
lui a inscrit au fer rouge sur la peau : Rejet. On lui a dessinée sa
vie. Le chemin, ils lui ont tracés à coup de ricanement, d'attouchement
et de désir sombre. Ils l'ont rendu aveugle à l'amour sincère et à la
vérité.
Aujourd'hui
elle suit les traces de la vie, aveugle de sa beauté. Craintive de se
faire rejeter encore elle ne voie plus les couleur qui pare ceux qui
sont bon. Elle n'a plus confiance depuis longtemps. Elle ne croit pas
leur paroles. Elle entend autre chose.
Un
démon s'est logé dans son cœur et son âme. Il lui susurre depuis des
années une vérité qu'elle ne peut faire autrement de croire. Car les
gestes démontrent la vérité. La vérité qu'elle n'est rien dans ce
monde. Un grain de sable. Une poussière. Une insignifiance face à
l'immensité.
Elle
s'est battu tout ce temps par défi de démontrer qu'ils avaient tord.
Mais elle n'y croit plus. N'y a jamais réellement cru.
Le
vent l'enveloppe, lui glace le sang. La vie est un don. La mort une
solution. Mais l'ironie, c'est qu'elle pourra toujours aller jusqu'au
bout du chemin qui oscille entre le don et la solution. Elle ne pourra
jamais embrasser la solution. Malgré son désir ardent de le faire,
malgré l'inconnu et la noirceur, elle sait qu'elle le pourrait. Elle
sait qu'elle en a la force et la volonté.
Mais
dans tout ce qu'on lui a apprit, il y a une chose importante qu'on lui a
dite : La mort sera la fin. Et elle ne veut pas la fin. Elle souhaite
seulement un recommencement...
- Fin -
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