lundi 10 novembre 2014

C'était en juillet

 Texte écrit sous un thème : C'était en juillet


Prendre une grande inspiration, la retenir, ne pas penser, fermer les yeux, se lancer, appuyer sur le poussoir.

Attendre.

Adosser au pied de mon lit, je rejette la tête en arrière au moment où je sens le poison remonter le long de ma veine, caresser l'aorte de mon cœur et finir sa course dans ma tête. Une explosion de lumière se frappe à mes paupières closent. Elles frétillent. Mes membres s'agitent sans ma volonté. Ils sont vivants. Une sorte de râle s'échappe de mes lèvres. Mon cœur bat à tout rompre, comme s'il voulait se frayer un chemin hors de ma cage thoracique. J'ai envie de prendre un couteau et de l'en sortir de mes propres mains.

Contempler la vie.

Des heures s'écoulent dans le sablier de mon temps infini. Mon temps, suspendu, une décision qui m'appartient. La seule qui soit valable. Un sourire se dessine sur mon visage, je le sens, comme je peux sentir l'euphorie me gagner. Cette sensation d'exister, de communier avec l'invisible ambiant. À nouveau, je danse.

Libre de mes chaînes.

J'entends la musique, elle susurre à mon oreille des rêves pailletés d'or. Elle me rappelle ce qu'était ma vie avant. Lentement, le poison couleur de mes rêves d'autrefois, s'enflamme dans mon corps, glisse lentement sur mes joues, broient mon cœur, mes songes, mes aspirations.

Une seconde pour toute une vie.

J'ouvre lentement les yeux, efface d'un hurlement les étoiles qui brillaient jadis dans mon ciel. C'était l'époque où mon corps était vigoureux, avant qu'il me le prenne sans remords. Il me l'a brisé de son inconscience, de son insouciance, de sa bêtise.

Un soir, un verre de trop.

Tandis que je les entends se précipiter dans les escaliers pour venir se quérir de ce vacarme, je réussis à dissimuler la seringue sous le lit et à rabaisser la manche de mon chandail. Ils n'y verront que du feu, car ils ne veulent pas comprendre. Le fardeau que je suis devenu est si immense qu'ils ne savent même plus comment le gérer. Ils chuchotent quand ils croient que je suis endormie, de la manière de se débarrasser de moi, je les ai entendus pleurer, tandis que moi, je ne sais même plus avoir pitié. J'étais leurs fiertés, avant ce jour. J'étais quelqu'un, avant qu'on me prenne mon corps. J'étais une danseuse, mais le plus important, avant qu'on me dénature, j'étais une adolescente de quatorze ans.

C'était il y a un an.

C'était en juillet.

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