mardi 11 novembre 2014

On l'a repêché ce matin

 Texte écrit sous le thème : On l'a repêché ce matin. 

Hier, je jouais avec ma sœur cadette. Elle m’énerve, souvent, mais en réalité, je l’aime de tout mon cœur. Elle me comprend et parfois, le soir, je me glisse dans sont lit, quand papa et maman sont redescendu au salon et nous parlons jusqu’à ce que nous nous endormions. Je lui raconte comment est l’école. Je suis en quatrième année. J’ai pleins d’amis et on m’a même élue présidente de ma classe. J’adore ça, parler devant les autres élèves. En plus, j’ai toujours un tas d’idées géniales. Ce n’est pas moi qui le dit, enfin bon peut-être un peu oui, mais c’est mon prof qui ne cesse de venter mes mérites à qui veut bien l’entendre. Mes parents sont fiers, je le sais parce que chaque fois que Lucas (mon prof de quatrième année) leur parle de moi, ils redressent les épaules et relèvent la tête. Je distingue même une lumière doré autour d’eux. C’est comme si des milliers de soleils les enveloppaient. C’est beau.

Je sais que je suis encore jeune, mais je ne pense pas comme toutes les autres fillettes de mon âge. J'ai de l'ambition. Cela ne veut pas dire que je ne m'amuse pas, à ça non. J'adore jouer avec ma sœur, elle aime rire et elle se plie toujours de bons cœurs à mes quatre volontés. Elle est sans malice et fort jolie. Elle brisera des cœurs plus tard. Mais parfois, j'aime rester seule à regarder le ciel et à penser à demain. J'ai hâte d'être grande et d'avoir la possibilité d'exécuter tout ce qui se bouscule dans ma tête. J'ai tant de rêves, tant d'amour en moi, que parfois, j'ai l'impression que je ne pourrai contenir cette énergie.

Hier, j'ai fait un câlin à ma sœur, elle pleurait, car elle devait aller à la garderie. Je lui ai dit qu'elle se ferait pleins d'amis et qu'elle ne verrait même pas le temps passer. Puis, je lui ai promis d'aller la chercher après l'école. Comme je suis plus vieille que mon âge, mes parents me donnent des responsabilités. J'adore ça. J'ai joué un peu avec elle avant qu'elle parte pour lui faire oublier son cafard. J'ai séché ses larmes et j'ai ajouté des étoiles dans ses yeux puis je lui fais un au revoir de la main.

Le soir même, j'étais tout excitée d'aller retrouver ma sœur. J'avais hâte de savoir comment sa journée s'était déroulée, si elle s'était fait des amis et si elle s'était, un peu, ennuyée de moi. Mon prof, constatant mon agitation, m'a proposé de m'amener jusqu'à la garderie, puisque c'était quand même dix minutes de marche. J'ai accepté parce que, pour tout vous dire, je le trouve beau mon prof. Il a des cheveux d'un brun doux et des yeux bleus vifs. Il est très intelligent et surtout, il a une voix grave qui donne chaud. Il est agréable à écouter, ce qui est bien, vu qu'il enseigne.

Nous avons roulé pendant longtemps avant que je me rendre compte que nous n'allions pas à la garderie. Le décor avait changé, c'était désert. Les arbres squelettiques projetaient les ombres des derniers rayons de soleil. J'ai dégluti et serrer les poings. Mon cœur s'est mis à battre la chamade contre ma poitrine et de fine perle de sueur ont glissé sur ma nuque. Il s'est retourné vers moi, ses yeux étaient à présent aussi noirs que son aura. La peur, s'est insinuée dans tous les pores de ma peau. Il a avancé la main vers moi, a caressé ma joue doucement, mais je l'ai senti comme une brûlure. Il a pris une mèche de mes longs cheveux cendrés et les a respirés. Je suis resté pétrifié sur place, incapable de dire ou faire quoique ce soit. Il a souri.

-Ne crains rien Aude, tu es trop parfaite pour qu'on t'abîme. Jamais je n'oserais te faire du mal.

Mais pas moi, pensais-je et je lui ai sauté dessus.


***

On l'a pêchée ce matin.

C'était une matinée de fin d'octobre, la brume enveloppait les arbres de ses longs bras évanescents. Les oiseaux étaient muets, le ciel était bas, lourd, chargé de flocons, la nature ne respirait plus. Ils sont sur la berge, le regard sombre, le cœur alourdit de tristesse. Personne ne parle, pas même un chuchotement. Sur la rive, recouvert d'un drap blanc, tel un linceul, gît un corps nu. D'en dessous du drap, on peut apercevoir quelques mèches cendrées.

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