jeudi 16 juin 2016

De l'autre côté de mon coeur






Il y a trois nuits, j’ai vu l’ombre de ton âme s’éteindre. Je voulais te dire, tu sais…, mais il est trop tard. J’ai couru pour oublier, pour mourir.

Comme toi.

Je pensais que ça ne changerait rien, que tu deviendrais un souvenir. Tu t’es plutôt transformé en cauchemar. Toutes les nuits, je me réveille en sueur, le cœur palpitant. Je te revois, silhouette désarticulée, pantin de bois au bout de la corde et je me dis : tu as bien choisi ta mort, salaud. À présent, je ne peux plus dormir. Tes yeux ne cessent de me fixer. Deux billes vides. Le néant.

Mais qu’est-ce qui m’arrive ?

Toi et moi. Toi. Moi. Seul. Et je pleure, parce que je sais. Cet abysse que nous avons creusé de nos quatre mains. Les rêves et les rires qui s’envolaient à chaque pelletée. Oui, je sais que j’ai rainuré le trou de cet arbre qui a jailli dans ta poitrine et auquel tu as accroché la corde de notre échec. Tu disais pour toujours et je te répliquais de ne pas formuler des promesses construites sur les ailes des papillons.

Si fragile, si facile à briser.

Trois jours que tu es déjà loin, mais il y a des mois, déjà, que tu avais commencé à sillonner cette route sombre et sinueuse. Pourtant, je ne l’avais pas remarqué. Ou, je n’ai pas fait attention. Je ne voulais pas comprendre, je voulais encore croire que les étoiles d’hier étaient l’espoir de demain. J’avais tort. Comment tout ce mépris et ce vide entre nous auraient pu se guérir ? Je t’ai aidé à acheter la corde et les piquets. Nous devions aller camper. J’ai cru ce mensonge parce que ça m’arrangeait. Je déglutis.

J’enserre les draps de mon lit à m’en blanchir les jointures.

Qu’est-ce qui m’arrive ? Qu’elle est ce poison qui bouillonne dans mon sang, me donne la nausée, mais en même temps, une exaltation sournoise ? Tu étais devenu un inconnu, je ne me sentais plus amoureuse et je te détestais de m’avoir fait croire des promesses dérisoires. Comme si nous allions toute la vie boire du thé, rire, danser et faire des balades sur la plage. Qu’elle ironie de ma part, d’avoir pu imaginer que tout ça, tous tes beaux mensonges étaient mon conte de fées ?

La vérité ?

C’est que je souhaitais ta mort et qu’en achetant la corde, j’ai fermé les yeux et j’ai rêvé que tu t’y balançais, tel un funambule sur son fil.

Voilà, ce qui m’arrive.

Fin.

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