Ceci serait vrai si je savais les
utiliser à bon essaim. En fait, je crois avoir compris qu’une partie de ma
maladie est causée par mon incapacité à intégrer cette dense source de pouvoir
en moi. Je suis un récipient trop petit. C’est la déduction que j’en ai faite. Car
aucun des membres « vivants » des marcheurs de la nuit ne sont au
courant de cette divergence qui me caractérise. J’ai tenu le secret depuis que
je l’ai découvert. J’étais méfiante quand j’étais humaine, cela ne s’est pas
modifié en passant dans le monde de la noirceur. Cela c’est simplement accrue.
En partie par ma première nature, mais aussi de la façon dont j’ai été conçue.
Car rien, mais rien de ce que je suis ne fut réalisé dans les règles. Leurs
règles en fait, écrites dans un livre d’ombre et scellées avec le sang de tous.
Une bible. Ironiquement ou plus encore, incompréhensiblement, ceux qui m’ont
donnés la vie, sont morts pour cela. Enflammé quelques secondes après que je me
sois éveillée à la nuit. Un brasier impressionnant et traumatisant pour celle
qui ne sait pas ce qui lui arrive. Car voilà les conséquences à ceux qui désobéissent
aux règles. On ne rit pas avec le sang. Pourquoi m’avoir créée ? Espéraient-ils
que justement, j’aie ces pouvoirs ? Si tel était le cas, ils n’en n’ont jamais
touché un mot à qui que ce soit. Et je
me suis retrouvé parmi les marcheurs de nuit, puissante mais ignorante.
Voilà ce que je suis et pourquoi
je me retrouve ce soir, dans une foule humaine à onduler mon corps au son de la
musique comme si j’étais eux. J’ai été rejetée et je suis épuisée. Être ici,
même si en réalité, aucun humain ne pourrait remarquer ma nature différente,
est dangereux pour moi. Concrètement, si on m’attaquait, j’aurais du mal à me
défendre. Pis encore, je ne sais même plus si j’aurais l’envie de le faire. Il
me semble que j’ai vécue milles ans et j’en ai vécu seulement 45. 45 ans de vie
en marcheuse de la nuit. Je ne vieillis pas. Mes cellules ne sont plus
vivantes. Je me retrouve avec une apparence juvénile car j’ai été prise trop
tôt. L’une des règles pour les lesquelles ils sont morts. Ils savaient ce
qu’ils faisaient. J’ai été choisie. Ce n’était pas le fruit du hasard. J’ai été
épiée, analysée et puis, prisent violemment. Ils ont fait ça en grand. Ils ont
brisées les règles de sang les unes après les autres. Ils se sont moqués de
leurs frères et sœurs. Et pourquoi ? Pour ça ? Du beau gâchis j’ai envie de
dire. Il est clair que je ne suis pas à la hauteur de leur sacrifice. Ils
auraient dû prévoir l’imprévisible. Ils auraient dû accompagner leurs départs
flamboyants d’une note, une explication ou un message quelconque. Une marche à
suivre.
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